Plus que 365 jours… (74/365)

Mars est marron, noisette, avec des points verts – XXIII

Le soleil s’invite pour le café, on le prend dehors sur les dalles et on lézarde jusqu’au moment où Rose donne le signal des rangements, qui sont vite expédiés, chacun en prenant une part. L’après-midi est trop entamé et les esprits trop embrumés pour que l’on entreprenne quelque chose d’autre, alors chacun rentre chez soi ; Robert s’appuie sur Rose, Lili prend le bras de Joseph, Fernando ouvre la marche.

En début de soirée, un bref coup de sonnette tire Mathilde et Paola de leur douce somnolence, sur la table du salon la théière est froide. C’est Marguerite, la libraire du quartier, qui apporte le livre que Mathilde devait passer chercher. – Demain je suis fermée, alors je vous l’ai apporté et puis j’étais inquiète de ne pas vous voir, vous qui êtes d’habitude si ponctuelle. On fait les présentations, on refait du thé et une nouvelle conversation est lancée, qui rejoint les autres conversations du jour.

Marguerite se donne quelques mois pour remettre son commerce, les livres ne font plus recette, du moins dans cette librairie qu’elle tenait avec Albert son compagnon, brutalement décédé l’automne dernier. Ensemble ils avaient commencé à imaginer des manières de réinventer ce lieu, mais seule elle n’y arrivera pas et seule elle ne veut pas. Elle ne se sent pas coupable d’arrêter, il y avait entre eux un lien solide, à la vie et à la mort, la liberté. – Mais vous n’êtes plus seule ! s’exclame Paola ; racontez-nous les projets que vous imaginiez.

Plus de somnolence dans le salon, car le salon est vide. Tandis que Marguerite parlait, Paola posait des questions sur ce commerce dont elle ignorait tout, à commencer par sa situation dans la ville, alors les femmes s’y sont rendues, et lorsqu’elles en reviennent, il est tard et les rues raisonnent de leurs rires et de leur enthousiasme. Comme souvent lorsqu’on rentre tard, on a faim ; Paola se met au fourneau – elle n’est pas née la femme qui fera des meilleures pâtes que moi –, Mathilde débouche une bouteille et Marguerite demande si elle peut rester pour la nuit.

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