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Mars est marron, noisette, avec des points verts – XV

Ces gens ne sont pas des pions, mais de vrais gens ; certains sont liés à Mathilde, d’autres à Fernando. Ensemble, ils vont transformer le jardin au milieu duquel se trouve la maison.

Dès son arrivée en Suisse, à six ans, Fernando passe l’essentiel de son temps libre dans un jardin dont sa grand-mère a obtenu l’usufruit ; les propriétaires, un couple de retraités trop âgés pour continuer à s’en occuper, n’exigent qu’une seule contre-partie : un entretien soigné – on est en Suisse, les brins d’herbe doivent être alignés et courts, la haie ne doit pas empiéter sur l’espace public ni dépasser la hauteur fixée par le règlement communal. Pour le reste, la grand-mère est souveraine. Elle donne une seconde jeunesse à ce jardin, le réorganise et en tire des produits succulents qu’elle ne manque pas de partager avec ce couple béni des dieux qui lui permet de renouer un peu avec sa terre natale. Rapidement on lui donne l’autorisation d’élever quelques animaux, pigeons, poules et lapins, on n’entend même chanter un coq. Fernando apprend plus vite qu’à l’école, au fil des ans il sait faucher, tailler, tourner, épandre, biner, planter, sarcler, soigner, récolter et faire bon usage de l’eau de pluie.

Plus de quarante ans plus tard, Fernando soutient Mathilde qui veut réorganiser son jardin, mais la convainc d’abord d’augmenter la surface de production plutôt que de la réduire. De nombreuses personnes cherchent à renouer avec la terre, à produire eux-mêmes, à partager leurs savoirs et les fruits de leurs savoirs, je connais des gens qui peuvent nous aider, dit-il à Mathilde, moi aussi, répond-elle à Fernando.

Ces gens ne sont pas des pions, mais de vrais gens, ils participent avec leur corps, mais d’abord avec leur tête ; on imagine le jardin idéal, on discute, on dessine – en plan, en coupe, en perspective –, on décide puis on réalise, une étape après l’autre.

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