J’ai eu 20 ans l’année du Grand Confinement – épisode 34/x

Yggdrasil cycle 3, sur un arbre perché

Épisode 34
Histoires gigognes et poupées russes

« L’été de mes 7 ans, j’ai reçu un couple d’oies pour compléter la basse-cour dont je m’occupais avec mes soeurs et frères, canards, poules, coq… »

L’histoire ci-dessus, c’est Alcide qui la narrait à Astrid dont il venait de faire la connaissance et avec qui il passerait une grande partie de sa vie.

L’histoire ci-dessus – celle du paragraphe 2, pas celle du paragraphe 1 – a été esquissée, vaguement, très vaguement à l’épisode 1, en mars dernier, le 23 pour être précis; il serait temps de la reprendre, cette histoire du paragraphe 2, qu’en pensez-vous? La basse-cour peut attendre, après tout un coq chante chaque matin, alors patientons, qu’en pensez-vous?

A propos de l’histoire du paragraphe 2, l’épisode 1 dit très exactement ceci: « J’ai eu 20 ans l’année du Grand Confinement, j’ai connu votre mère dans une file d’attente orange, elle avait vingt-neuf… » (29)
Assurons-nous que le lecteur a bien compris.
Alcide a eu des enfants, ou un seul qu’il vousoie, avec une femme plus âgée que lui – et alors? – qu’il a connue dans une file orange.
Reprenons et développons:
– Qui peut imaginer qu’Alcide vousoie son enfant?! s’exclame la lectrice, lecteur lis mieux! (L’auteur jubile, il y a quelqu’une qui le comprend).
Alcide a donc plusieurs enfants et l’auteur vous informe qu’il les a eu.e.s – fille et garçon donc, on verra plus tard combien, mais on peut déjà dire qu’il y en a moins que dans la basse-cour dont on a déjà dit qu’on reparlerait plus tard, mais un autre jour – avec Astrid qu’il a connue dans la file d’un 2m (on disait hier, épisode 33, que Jean était finalement resté assez conservateur; le fait qu’il ait fait venir un supermarché 2m dans son bourg lui fut, et lui est encore souvent reproché, même par Alcide qui pourtant a connu Astrid dans la file du 2m en question au tout début du Grand Confinement, mais bon, et le petit commerce hein? pourquoi y en a toujours que pour les gros hein? m. alors! Et qui vous dit qu’il aurait pas pu la connaître dans un petit commerce de première nécessité Astrid, Alcide, hein? un petit commerce du genre boulangerie, charcuterie, laiterie, crèmerie, épicerie, torréfaction ou chez un boucher-tripier, hein? [L’auteur nous fera comprendre dans un instant que c’eût été difficile vu le bourg et vu d’où Alcide a vu la fille dans la file; c’est toujours une histoire de point de vue, en somme]).
Dernier point avant l’histoire du jour, ou du soir, comme on voudra, oui, oui, on y arrive! dernier point donc, Astrid avait neuf ans de plus qu’Alcide, et les a toujours d’ailleurs, et alors? Foin de morale, lecteur! (Je jubile, y en a au moins une qui me comprend!) Et, pour rappel, Vera, la mère d’Alcide est et était aussi plus âgée que Roger, son père, alors Alcide il a juste reproduit le schéma, vous comprenez docteur? – Oui je comprends, de toute façon c’est écrit là-haut.

Pendant que le lecteur faisait de la morale à quatre sous à propos des écarts acceptables dans un couple, la lectrice avait déjà compris qu’Alcide avait aperçu Astrid du haut d’un toit, l’auteur ajoute appuyé à un paratonnerre. Alcide ne fut donc pas protégé de la foudre – le paratonnerre provenait sans doute d’un supermarché 2m – et entreprit de descendre aussi vite que possible pour déclarer sa flamme, mais ça lui prit du temps de descendre, et si ça avait été une boulangerie la file aurait été plus petite et la fille – de vingt-neuf ans, quand même, silence lecteur! – aurait eu le temps d’entrer, d’acheter sa baguette, de ressortir et de disparaître dans le dédale des rues du bourg, et des ruelles, et des impasses, et caetera. Donc la file était orange, CQFD. Et toi lecteur, si tu me rétorques que ça aurait aussi pu être un autre petit commerce cité ci-dessus, je te porte l’estocade: dans ce bourg, il y avait encore quelques boulangeries, mais pas de charcuterie, laiterie, crèmerie, épicerie, torréfaction ou boucherie-triperie, et tu sais pourquoi, lecteur? parce que le 2m avait tout bouffé, oui tout! Encore un truc qui doit être écrit là-haut, docteur. Et à part ça, ce serait chouette qu’il soit écrit quelque part que le lecteur comprend du premier coup, comme la lectrice, on gagnerait du temps, je sais pas vous, mais moi des fois ça m’ennuie de devoir tout expliquer, ça prend du temps, du temps que je préférerais passer avec la lectrice.

Alcide lâcha donc le paratonnerre, descendit du toit sur lequel il venait de raconter une histoire à quelqu’un de strictement confiné à travers un conduit de cheminée, rejoignit la file, la coupa à la hauteur de la fille qu’il avait vue d’en haut et lui dit:
– Vous aimez les histoires? j’en ai plein mon verger.
Il faut croire qu’Astrid n’avait pas de course urgente à faire, ou alors qu’elle flasha sur le gars qui avait lâché son paratonnerre, car elle suivit Alcide qui l’emmena dans son verger, lui présenta ses soeurs et frères et se mit à lui raconter cette histoire:

« L’été de mes 7 ans, j’ai reçu un couple d’oies pour compléter la basse-cour dont je m’occupais avec mes soeurs et frères, canards, poules, coq… »

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