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Octobre est un foyard – XIII

– Qu’aurais-tu fait si tu avais reconnu mes yeux dans la fente du niqab entre chien et loup?

Ils sont sur un lit, dans une chambre, au bord du Rhin. Par la fenêtre entr’ouverte entrent le frais d’octobre et un peu de lumière de lune. Ils sont couchés sur le côté – elle sur le côté gauche, lui sur le côté droit –, face à face et se regardent dans les yeux.
– La lumière était à peu près la même que maintenant, je savais que ces yeux étaient ceux d’une femme, mais je ne saurais dire pourquoi, peut-être me suis-je simplement dit que ces yeux étaient muets car je connaissais leur voix, ta voix, ta voix rocailleuse que j’aime tant, mais je n’étais pas sûr, alors je n’ai pas bronché, pourtant tu t’es envolée avec tes copines, alors… Si j’avais reconnu tes yeux, je t’aurais demandé ce que je t’ai demandé tout à l’heure sur le pont – Heinrika, c’est bien toi? Et toi, qu’aurais-tu fait si je t’avais posé cette question?
– Cette question que j’espérais, Gaspard, si tu me l’avais posée, j’y aurais répondu en silence; j’aurais enlevé mon niqab et je me serais approchée de toi pour te serrer dans mes bras et les géographies de nos corps, ces doux reliefs que nous parcourons maintenant, c’est au Burghotel de Lorch que nous les aurions découvertes, et nous aurions réduit en confettis la feuille pliée en deux que j’avais posée sur ton lit, confettis, carnaval, fête des sens.

Ils sont couchés sur le côté – elle sur le côté gauche, lui sur le côté droit –, il pivote vers la gauche et se retrouve sur le dos, elle pivote vers la gauche et se retrouve sur lui. Ils ont marché le jour et ils se parcourent la nuit – douce géographie, cartes en relief, souffles en accord.

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