Septembre est une jardinière de prunes – VIII
Apercevoir Vénus avant de s’endormir peut-il rendre une nuit de sommeil plus belle?
La nuit qu’il passe couché contre le tronc qui le protège de l’humidité du fleuve débute sous un ciel étoilé. En ce début septembre, il voit, ou croit voir Vénus se lever timidement. Il lui souhaite bonne nuit tandis qu’elle le regarde s’endormir. Quoi qu’il en soit, sa nuit est peuplée de rêves joyeux, de randonnées alpestres, de voyages lointains, de récits colorés.
Juste après l’aube, une petite bruine le réveille à demi; il garde un pied dans son rêve grâce aux clochettes qui prolongent sa vision: il est en Crète chez un ami, c’est tôt le matin et ils partent marcher; ils rencontrent un pasteur qui mène ses brebis vers une nouvelle pâture et font un bout de chemin avec lui.
Un martèlement sourd le réveille pour de bon, un troupeau s’installe dans un pré tout proche, un pré clôturé. Avant de quitter ses bêtes, le bouvier avise le dormeur éveillé qui assiste au spectacle appuyé sur ses coudes et s’approche de lui. Gaspard s’extirpe de son sac, saute dans ses chaussures et prépare du thé. Tandis que l’eau chauffe, on cherche dans le ciel l’Etoile du berger.
Rêve évaporé.