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Août rougeoie – XIV
Lieux et dialogues de l’été – XIII
Berge

A peine ont-ils commencé à marcher qu’un chien errant se met à les suivre.

– Toi aussi tu vas à Bâle? lance gaiement Louise au chien.
– Je ne me souviens pas d’un chien dans le Carnaval des animaux, répond Gaspard.
– Tu as raison, ce chien a l’air trop sérieux pour jouer à la ba-bâle.
– S’il est aussi sérieux qu’il en a l’air, peut-être devrais-tu le faire adopter par ta grand-mère?
– Tu es sérieux? Mais es-tu sûr que ce chien a tous ses sens?
– On verra à Bâle.
– Bâle et retour.

Pour l’instant le chien marche au pas, ce qui lui fait au moins un lien avec le carnaval de Bâle. Si en plus du rythme qu’il semble avoir dans la peau, ce chien maîtrisait la dictée musicale et qu’on lui demandait de retranscrire cette marche vers la ville, il y aurait beaucoup de rondes sur la portée, et de blanches, quelques croches, aucune double croche et beaucoup de silences; on pourrait peut-être même deviner, entre les lignes, les accents du trajet de Louise et Gaspard le long du Rhin: frais sentier argileux sur la berge et, sur la digue, tantôt chaud chemin de terre battue avec pierres et cailloux brûlants, tantôt route au noir goudron bouillonnant; des son mous, des sons sourds, des sons qui collent. Et le son tiède des bancs d’herbe sur lesquels on se laisse tomber un instant pour se reposer et prendre une fraîche golée, la tête levée vers les bancs de nuages d’où est venue un jour cette eau que l’on déguste.

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