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Blanc comme janvier – XIII

Ce n’est pas un son de l’au-delà qui le fait émerger doucement du sommeil, mais plutôt un son de l’au-dessus et aussi de l’autour. Le tipi raisonne de la petite musique du matin, celle qui précède le blanc, quand on a ouvert les volets pour attendre le jour. Ça commence par une trille légère, qui se répète, s’amplifie et en amène d’autres ; chez les oiseaux aussi il y a un premier levé. Il décide qu’il sera le dernier levé, qu’il profitera du concert dans ses plumes à lui.

La musique l’invite à penser à son père, qui n’est pas au ciel. Il jouait aussi de la flûte, mais il a surtout appris à ses enfants à ne pas avoir peur de la nuit, à aimer la forêt, à parcourir la montagne. Il leur racontait les nuits passées dans sa forêt à lui -parfois en semaine-, sans lampe de poche. Aucun ne lui demandait pourquoi, tant ils comprenaient son besoin de s’endormir paisiblement, de dormir profondément et d’être réveillé en douceur par la faune des bois et par le noir qui blêmit.

Il remercie son père d’avoir été son père en pensant à cet auteur pour qui les prières laïques sont les vraies prières, celles qui ne mentent pas.

Pendant que l’eau frémit sur le réchaud, il s’amuse à tracer son prénom dans la neige, tel un cyclope à un doigt. Le bivouac démonté et le café bu, il s’incline face aux sapins hospitaliers, prend congé d’eux et se met en route sur la ligne de crêtes qui devient son chemin.

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