Plus que 365 jours… (90/365)

Avril est vert – XV

Les jours de pluie, Gaspard aime s’installer à la petite table devant la fenêtre de sa chambre d’Hospental. Bien que transparente, la pluie assombrit les rochers et les fait reluire à la fois, il y a comme un accord entre la montagne et le cahier à la couverture noire et aux pages blanches quadrillées de bleu. Les gouttes d’eau qui pianotent sur le toit – la chambre est au sommet de l’auberge, sous le faîte – déterminent les mouvements de la plume qui avance sur le papier ; on peut la voir trotter, foxtrotter, valser mais jamais tanguer car elle n’est pas bourrée, et encore moins auvergnate. L’eau – qu’elle soit bruine, crachin ou cataracte, continue ou intermittente – fait danser l’encre sans jamais s’y mêler. Les jours de pluie, les pages deviennent bleu-noir – l’encre préférée de Gaspard –, la plume avance rondement, cartouche après cartouche, sans jamais couler ; on pourrait presque croire qu’elle compose un roman-fleuve.

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