Plus que 365 jours… (92/365)

Avril est vert – XVII

S’il faut descendre à la cave, c’est que l’on boit du vin à l’auberge d’Hospental, même quand la route du col est encore fermée. Du côté uranais, ceux qui s’activent dès le début du printemps pour que la route soit ouverte avant l’été – au plus tard le 1er juin – passent régulièrement ici, boire du vin, mais aussi manger. Pourquoi ici ? Pour de nombreuses raisons.

Anton, le chef des opérations, est un cousin d’Heinrika. Enfants déjà ils étaient proches et le départ d’Andreas – le mari d’Heinrika – les a encore rapprochés. Alors que sa belle-famille l’accablait de reproches – qu’avait-elle fait pour le retenir ce mari qui rêvait d’être marin et qui avait levé l’ancre avec une Calabraise ? –, lui, le cousin aimé, l’avait soutenue de toutes ses forces, moralement et concrètement, sans faille et sans relâche. Il avait bien compris que la famille d’Andreas cherchait à la briser pour récupérer l’auberge et il savait qu’Heinrika ne s’en remettrait pas. Alors il aida la cousine qu’il aimait, sans arrière-pensée. Il trouva du personnel pour la saison suivante – ces gars qu’Heinrika faisait bosser comme des baudets – et n’écouta pas les rumeurs insinuant que lui, le voyer célibataire, ce gars bien bâti, n’avait aucune peine à trouver des gars pour sa cousine. Tout cela était maintenant loin derrière eux, mais l’auberge était devenue pour lui la seconde maison, celle où l’on se sent fraternellement accueilli, avait-il dit à Gaspard, qui avait très bien compris, lui qui s’était entendu dire le premier jour, sur les dalles chaudes de la terrasse, « Selbstverständlich, mein Herr ! »

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