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Avril est vert – XI

Ecrire ou pas ? Lui écrire ou pas ?
Ecrire au pas.
Une carte ou une lettre ? Plutôt une carte, mais avec quelles lettres ?
Ses pas l’ont mené au pays où les lettres n’ont pas la même valeur que chez lui. Jouer au Scrabble ici serait facile, boire des verres à Zofingen dans des gobelets néolithiques du Wauwilermoos en se dirigeant vers l’Axenstrasse, sans zigzaguer.
Comment ça les noms propres sont interdits à ce jeu inventé par un architecte ?! Eh bien alors salissons-les, ces mots ! Faisons-les passer par le Pont du diable, ces mots ! Qu’ils reluquent les gorges de Schöllenen ces mots !
Salir les mots et se salir en les salissant, les mots – verschmutzen.
Puis se laver dans l’eau des cours d’eau, par exemple la Wasser de la Wigger et ajouter de la Zimt, pour le goût et pour le mot compte triple – waschen.

Au pays des z, des x, des w, des sch et des k, au pays où l’on voit des Kapelle et des Kirche au milieu des vergers en fleurs, il avance à petits pas, le marcheur, non pas qu’il abuse du Kirsh, le marcheur, mais il sait, le marcheur, que le col est bouché. Alors le marcheur, en attendant qu’on débouche le col, il marche à petits pas, le marcheur sans alcool, à petites goulées, sans se fouler, le marcheur. Il ne doit pas encore faire diligence, le marcheur, car le col est bouché. Et quand le col sera débouché, il ne fera quand même pas diligence, le marcheur, mais il se hâtera lentement le long de l’ancienne route des diligences, la route qui mène au col, sans alcool, mais qui zigzague quand même car c’est raide, raide comme un vieux kirsh qu’on boit cul sec.

En jouant avec les z, les x, les w, les sch et les k, il se dit que lorsqu’il ne fera pas diligence sur l’ancienne route des diligences qui zigzague jusqu’à l’hospice, il se rêvera peut-être en Père Pendiculaire face à la pente, le marcheur, et que la pente une fois gravie on débouchera pour lui, le marcheur, de la bénédictine qu’il descendra d’un trait, à l’hospice.

En marchant à petit pas et en jouant avec les lettres qui n’ont pas la même valeur que chez lui, il espère, le marcheur, que la route du col sera débouchée quand il l’abordera sans alcool pour rejoindre l’hospice du grand Saint Gothard qui était bénédictin – sans e.

En jouant avec les z, les x, les w, les sch et les k, il peine à trouver les lettres pour lui écrire une carte, une carte qui serait peut-être comprise de travers puisque la route zigzague. Et quand ça zigzague, ça serpente, et quand ça serpente, ça sinue, et quand ça sinue c’est jamais bon, parce qu’il se trouve toujours quelqu’un pour dire « hein? ».

Alors le marcheur qui va bientôt sinuer sur le dos du Gothard renonce à écrire des mots sur une carte qui pourrait laisser penser qu’il rédige à demi-mot, qui pourrait laisser entendre qu’il insinue – pourtant son écriture est droite, très droite, seule sa main est gauchère.

Pas de carte mais des pensées, poussées vers elle par la bise – au singulier.

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