Avril est vert – X
C’est un grand bâtiment carré orienté au sud mais qui guigne un peu à l’est. Les quatre étages qui surmontent le rez – où dix-sept personnes sont occupées à réinventer le lieu – ont été édifiés par des Italiens au tout début des années cinquante.
Côté gare – au sud – il y a des vitrines au rez, et deux portes donnant accès à ce qui est aujourd’hui une librairie ; chaque étage de cette façade possède un balcon, sur toute la largeur.
Côté rue – à l’est – encore des vitrines au rez, avec une porte – la troisième – qui donne accès à la librairie. Côté rue, le premier étage est dépourvu de balcon, contrairement aux étages supérieurs.
Côté Jura – à l’ouest – le rez est appuyé au terrain, terrain qui constitue un jardin-terrasse pour deux appartements. Les étages supérieurs ont tous un balcon côté Jura.
Les habitants de cet immeuble – de quatorze appartements – entrent et sortent par la nord, un peu comme au spectacle; quelques fenêtres des deuxième et troisième étages de cette façade possèdent en effet un petit balcon en demi-cercle, comme les loges d’un théâtre à l’italienne.
Les balcons du deuxième et du troisième étages sont continus de l’est à l’ouest en passant par le sud et le balcon du quatrième étage ceinture complètement les deux attiques perchés comme des sentinelles.
Sans les balcons, le bâtiment carré serait sans doute un vilain cube, un cube un peu rétréci vers le haut, puisque le quatrième étage – moins vaste que les autres – est comme posé sur une terrasse, et sur lui les architectes ont posé, en guise de chapeau, un élégant toit à quatre pans.
– Ceux qui ont bâti cet immeuble, dit Paola, sont les descendants de deux immigrés venus ici à la fin du XIXème siècle, l’un était tailleur de pierres et venait du Piémont, l’autre était un typographe anarchiste et venait de Milan.