Plus que 365 jours… (82/365)

Avril est vert – VII

– Commençons par le jardin, enchaîne Mathilde. Le 1er janvier, Gaspard, mon compagnon, est parti marcher quelques mois. Nous partageons notre vie depuis une trentaine d’années, mais depuis que les enfants sont partis – certains d’entre vous les connaissent et savent qu’ils vivent tous loin d’ci – nous réinventons notre façon d’être ensemble, et la distance est bonne conseillère. Juste avant son départ, nous parlions du jardin, cet espace qui nous a nourris et ressourcés durant presque trois décennies. Qu’en faire maintenant ? nous disions-nous. Le transformer ? Le partager ? Le louer ? Vendre la maison et partir, ensemble, séparément ? Gaspard m’a toujours laissé organiser le jardin et avant de partir il m’a renouvelé sa confiance. Le jour même, Fernando est arrivé et, comme vous le savez, les discussions que j’aie eues dès ce moment avec lui ont nourri le projet que nous sommes en train de réaliser avec une partie d’entre vous. Comme vous le savez aussi, il y a encore à défricher, à réfléchir, à propos du jardin, mais aussi à propos des liens à établir entre lui et la libraire en mutation, entre lui et cet immeuble.

Faisons d’abord le point sur le jardin, poursuit Mathilde, en se tournant vers Fernando. Avec calme elle le regarde, lui sourit. Lui semble hypnotisé. Le temps est suspendu quelques instants, quelques longs instants. On sent un peu de gêne dans l’assemblée, certains ne savent plus où regarder. Mathilde dépend le temps en reprenant la parole ; sans quitter Fernando des yeux elle dit :
– É hora de mostrar que você não gagueja mais, meu caro Fernando.*

* Il est temps de montrer que tu ne bégaies plus, mon cher Fernando.

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