Orangé comme février – XI
Chamava-se Catarina
[Zeca Afonso]
«Le soir du 22 mai 1964, Zeca Afonso est attendu à Grândola, à une centaine de kilomètres au sud de Lisbonne, dans la province de l’Alentejo, grenier à blé du Portugal. Une société musicale de la ville, la Fraternité ouvrière de Grândola, l’a invité en seconde partie du concert qu’elle organise à 22 heures à la salle des fêtes de cette cité d’une vingtaine de milliers d’habitants.
Le 21 mai, Zeca Afonso compose une chanson spécialement pour le concert du lendemain, pour remercier ces femmes et ces hommes qui ont le courage de l’inviter à Grândola en pleine dictature, lui le chanteur populaire devenu chanteur politique, lui l’enseignant qui s’engage contre la fascisme – et qui sera expulsé de la fonction publique en 1967. Cette chanson parle de Catarina Eufémia, ouvrière agricole tuée par un gendarme en 1954, alors qu’elle participait à une grève pour de meilleurs salaires. Catarina Eufémia est un symbole pour le peuple de l’Alentejo. La chanson enflamme la salle.
Après le concert, Zeca Alfonso écrit à ses parents […] Si un jour je dois quitter ce pays, c’est le souvenir de ces hommes que j’ai rencontrés à Grândola et dans d’autres lieux identiques qui me fera revenir.[…]
Dans les jours qui suivent, pour remercier encore une fois ces humains de Grândola, Zeca Afonso compose ce poème qu’il envoie à la Fraternité ouvrière de Grândola, ce poème qui lancera dix ans plus tard la Révolution des oeillets au Portugal.»
Elle s’appelait Catarina
[Zeca Afonso]
Grândola
vila morena
Grândola
ville brune
Terra
da fraternidade
Terre
de fraternité
O
povo é quem mais ordena
Seul
le peuple ordonne
Dentro
de ti ó cidade
En
ton sein, ô cité
Dentro de ti ó cidade
En ton sein, ô cité
O povo é quem mais ordena
Seul le peuple ordonne
Terra da fraternidade
Terre de fraternité
Grândola vila morena
Grândola ville brune
Em cada esquina um amigo
A chaque coin de rue un ami
Em cada rosto igualdade
Sur chaque visage l’égalité
Grândola vila morena
Grândola ville brune
Terra da fraternidade
Terre de fraternité
Terra da fraternidade
Terre de fraternité
Grândola vila morena
Grândola ville brune
Em cada rosto igualdade
Sur chaque visage l’égalité
O povo é quem mais ordena
Seul le peuple ordonne
À sombra de uma azinheira
A l’ombre d’un chêne vert
Que já não sabia a idade
Qui ne connaît pas son âge
Jurei ter por companheira
J’ai juré d’avoir pour compagne
Grândola a tua vontade
Grândola, ta volonté
Grândola a tua vontade
Grândola, ta volonté
Jurei ter por companheira
J’ai juré d’avoir pour compagne
À sombra de uma azinheira
A l’ombre d’un chêne vert
Que já não sabia a idade
Qui ne connaît pas son âge.