Noir comme décembre – XII bis*
Quoi d’autre de commun entre Bagnoles City et la petite ville de Mathilde? Des habitants. Des habitants qui veulent reprendre l’avenir en mains, leur avenir.
« La ville c’est nous! »
Telle pourrait être la conclusion de ce moment d’avant l’aube en train de se terminer, ce moment durant lequel on s’est réchauffé, les uns contre les autres – il y a eu foule ce matin, une foule venue du froid, il a neigé cette nuit. On s’est aussi échauffé, pas les uns contre les autres, mais contre ceux qui veulent liquider la friche, raser, reconstruire, la ville soi-disant pour tous, alors ce sont les autorités qui en ont pris pour leur grade. Il y a eu tout de même débat entre les présents, comment garder la friche: débat, pétition, réflexion? actions, occupation, désobéissance civile? Et comment utiliser ces parcelles dans la durée: jardins, place publique, marché couvert, forum?
On se sépare sur ces questions, l’aube approche et chacun a du travail qui l’attend. Il se trouve assez de gens pour ranger, alors Mathilde, Marguerite et Paola s’en vont en disant à Klara, la patronne du bistrot-épicerie, qu’elles sentent une urgence dehors – retrouve-nous Aux Yeux Fertiles en milieu de matinée, si tu peux, nous ferons le point, et n’oublie pas le Livre de décembre.
Rose leur emboîte le pas, elle sent qu’on va avoir besoin de beaucoup de force.
*On pourrait aussi dire XI ter, du coup le XII serait en fait XI bis, mais on s’en moque comme on se moque des détails, ces petits éléments qui peuvent cacher l’essentiel; ne sentez-vous pas que quelque chose change, quelque chose qui n’est justement pas un détail?