Noir comme décembre – XI
La neige a effacé les traces. Quand et par où sont-ils arrivés? Impossible de le dire avec précision, mais il faisait noir.
Ni place, ni terrain vague, une sorte de friche en liberté surveillée au milieu d’un tissu urbain qui pousse, un trou carré bossu cerné par un centre – ville –, une parcelle promise à un plan de quartier, un vide insupportable au Monopoly, ce jeu de société qui n’en est plus un. Difficile de mieux qualifier cet espace central où s’installe trois ou quatre fois l’an un tout petit Luna Park, avec ses forains que l’on tolère le temps du joli carrousel et des auto-tamponneuses.
Ceux qui viennent d’arriver ont des plaques minéralogiques d’ici, mais pas de carrousel ni la moindre attraction. Quelques minutes on dû leur suffire à s’installer, un cercle formé par cinq puissants véhicules, chacun avec sa caravane.
La route, ça fatigue, alors le campement dort, dans le calme.