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Noir comme décembre – VI

C’est avec leurs grands-parents que les premiers enfants sont arrivés à Vivre ici, durant l’été, grandes vacances obligent, ces vacances que les parents n’ont plus, alors les grands-parents prennent le relais.
Jeunes ou moins jeunes, les grands-parents qui fréquentent l’association née au printemps ne sont pas du genre à se laisser entraîner par leurs chères têtes blondes dans des lieux où l’on mange avec les doigts, du genre ça se passe comme ça chez…., les têtes chenues sont plus enclines à faire qu’à consommer, ce qui n’empêche pas de manger sans couvert.
Depuis la mise en service du four à pain et l’entrée en fanfare de la basse-cour – cocorico, cocooooriiiico – la moyenne d’âge a chuté dans le jardin de Mathilde, ce jardin qui n’est plus qu’à elle, ce jardin partagé.
En cette fin d’après-midi de début décembre, des enfants arrivent en cortège dans le jardin de Mathilde, derrière un âne sans son saint. Ils viennent cuire des petits bonshommes en pâtes dans le four à pain, des personnages aux yeux secs comme des raisins, de la pâte qu’ils ont d’abord pétrie, qui a ensuite levé, des personnages qu’ils ont ensuite façonnés, tout ça dans le petit  bâtiment que se partagent l’association des Femmes solidaires sans frontières et celle des aînés. Avant de partir en cortège ils ont mis les bonshommes à lever dans des caissettes en bois recouvertes de linges humides, empilé les caissettes  sur une charrette tirée par un âne sans son saint – un prêt d’un ami de l’association –, recouvert les piles de caissettes de chaudes couvertures qui piquent pour que les bonshommes restent au tiède.
Le cortège qui s’est déplacé aux flambeaux entre chien et loup arrive à bon port. Sur place Robert et son équipe officient, rapides comme l’éclair: découvrir les caissettes, découvrir les bonshommes, les badigeonner un à un au jaune d’oeuf local – cocorico, cocooooriiiico – et les enfourner, une seule fournée.
On a maintenant défourné, on dévore, on arrose avec du thé ou du vin chaud et on chante la Saint-Nicolas dans le jardin de Mathilde, autour du four à pain, après le crépuscule, le 6 décembre.

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