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Octobre est un foyard – VI

Passer sur l’autre rive, peut-être, mais où?
A Niederheimbach elle pourrait prendre le bac pour Lorch qui est juste en face, mais à cette heure il doit être loin depuis longtemps, très loin, alors elle reste sur sa rive, la rive gauche.
A Engelburg, elle manque de peu la bac pour Kaub. Acte manqué? Un ange passe.
A Sankt Goar quelque chose la retient de traverser, elle ne sait pas quoi. Elle continue à marcher sur sa rive, elle accélère, elle aimerait arriver avant lui, refaire son retard qui doit être de trente kilomètres au moins, arriver dans une ville qui ferait pont entre les deux rives du fleuve, marcher sur ce pont à l’heure qu’elle souhaite – peut-on rater un pont comme on rate un bac? non, se dit-elle –, le franchir complètement ou s’arrêter au milieu parce qu’elle le verrait arriver comme on voit arriver quelqu’un dans un film d’espionnage par une nuit de brouillard; l’attendre comme on attend à un check-point, sauf qu’on serait seuls; à son arrivée, elle le prendrait dans ses bras, ils passeraient un long moment enlacés, un pied sur chaque rive, se laisseraient chavirer d’un côté ou de l’autre, comme un couple soudé, insensible aux influences, assumant ses différences. Voilà ce qu’elle se dit en marchant sur la rive gauche.
A un moment elle s’arrête, consulte la carte qui lui dit que Koblenz pourrait être sa ville-pont, leur ville-pont; faut-il mettre un s à pont, à Coblence doit-on d’abord franchir la Moselle avant de franchir le Rhin? La carte n’est pas un plan, alors elle continue à suivre le fil bleu jusqu’à la confluence de la Moselle et du Rhin.

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