Blanc comme janvier – XXI
Les nuits que l’on passe à converser, à écouter les silences, à lire à haute voix.
De la bibliothèque elle tire un livre – on dirait qu’elle l’a repéré d’un seul coup d’oeil, un peu comme un gardeur de troupeaux qui connaît chacune de ses bêtes, sauf que les livres sont ici innombrables.
Debout face à eux, elle lit.
LA NUIT
La nuit, c’est-à-dire du vert, des bleus et ce peu de
rouge très sombre qui mord de ses grumeaux le bas
de la page. J’écris en hâte le mot flaque, le mot étoile.
J’écris naissance. J’écris bergers et rois mages. J’écris
que je brise une ampoule et que c’est le noir.
[tiré de « La vie errante », Yves Bonnefoy, Poésie / Gallimard]