Plus que 365 jours… (195/365)

Septembre est une jardinière de prunes – XII

Le vent a couché un bouquet d’arbres sur les rails, le train est arrêté en rase campagne.
Rester calme, maîtriser son impatience, s’échapper par le dessin sans passer par la fenêtre, qui est fixe, sans regarder la campagne, qui est rase. Faire vivre cette campagne par des traits.
Quand on est né à la montagne, et qu’on y vit, on est tenté de lui donner du relief, à la campagne, mais lequel, et comment ? Des bâtiments en béton lavé, brossés à gros traits, posés sur un gazon délimité par des fleurs en bacs et des arbres en pots ? Des usines, mais jolies, avec des toits en sheds, des cheminées en terre cuite, ou alors en béton gris avec du rouge et du blanc au sommet pour que les avions ne les piquent pas du nez ? Un zoo au milieu des vaches, avec dromadaires, chameaux et girafes ? Un parc d’attractions avec grandes roues, montagnes russes, Kremlin et toutes sortes de monuments hauts en couleurs ? En gare de Strasbourg, elle a vu un TGV en partance pour Paris, sur le train un slogan ventant un parc d’attraction venu d’outre atlantique disait en lettres bleues :
(…), des émotions pour toujours. Tous les jours.
Tandis qu’elle trace les courbes des montagnes communistes, le train s’ébranle sans crier gare, son crayon dérape et fait une pyramide. Sa gare est annoncée avec deux heures de retard, pourtant son train était parti du pays des coucous.

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