Plus que 365 jours… (194/365)

Septembre est une jardinière de prunes – XI

A marché, a beaucoup marché.

Pourquoi a-t-il marché si vite, presque couru, dormi si peu, à peine mangé? Se sentait-il poursuivi par le diable? Aimanté par une démone? Il ne sait pas Gaspard.

Il ne sait pas Gaspard et il est midi lorsqu’il pose son sac à l’auberge, au bord du Rhin. On ne lui avait pas menti, c’est une bonne adresse, simple et chaleureux. Il file au port, pas de musée aujourd’hui, il a envie d’être dehors, appel de l’air.

Appel d’air, le vent le tire jusqu’au bassin du port. Peu d’activités à cette heure, juste une grue qui remplit le ventre d’une péniche. Il se rappelle qu’il a faim – a mangé, a si peu mangé. Il avise un bâtiment en grès rouge, comme ce bistrot de Bâle qu’il aime, ce vieux stamm collé à ancienne brasserie.

Ancienne brasserie, brasserie ancienne, ici c’est une brasserie ancienne. Il entre, s’attable, commande, mange, trop, boit, trop. Appel d’air, il paie, sort, le vent le reprend, l’attire plus loin. Un parc, des bancs, il se couche, s’endort, sans rêve.

Sans rêve il se réveille, de nuit. Le vent a tourné. Le vent le ramène à l’auberge au bord du Rhin. Il monte dans sa chambre, enclenche la bouilloire, se fait du thé, ouvre la fenêtre.  Le vent s’engouffre, fait valser ses habits, le vent est debout et le couche sur le lit. Le vent le borde, l’endort. Il rêve que le Rhin déborde, que le vent fait voler des lettres jusqu’à lui – by air mail –, que la poste centrale est fermée pour cause d’inondation.

A rêvé, a beaucoup rêvé.

Morgen, Zentralpoststelle.

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