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Septembre est une jardinière de prunes – IX

Worms, le 9 septembre 2019

Heinrika, ma Chère Heinrika,

Le ciel semble en effet être de notre côté, et on dirait qu’il n’est pas habité que par des bergers; il doit y avoir là-haut quelqu’un qui veille au courrier A – un pigeon voyageur, un facteur décédé, Saint Zénon, l’Archange Gabriel ou alors le zélé Hermès aux pieds itou. Quoi qu’il en soit, j’ai trouvé ta lettre à la poste de Worms en arrivant ce jour. Je te réponds par retour de courrier en espérant que l’un des êtres ci-dessus – tu sais que ma préférence va au pigeon – fera en sorte que tu me lises bientôt.
Ta question est purement rhétorique, je le sais, mais permets-moi de pimenter notre quête de la distance zéro, notre danse de la fusion. Bien qu’il me tarde de te voir – tu connais ma rhétorique –, jouons un peu. Tu connais mon itinéraire, en tout cas jusqu’à Cologne et tu sais le genre de lieux que j’aime fréquenter, ces lieux que tu aimes, toi aussi. Alors voici ce que je te propose: je vais dorénavant t’envoyer régulièrement des cartes postales pour te signaler la localité dans laquelle je fais étape, ce qui complètera la liste des postes restantes que je t’ai déjà envoyée; il te suffira alors de te rendre dans une localité à l’aval et de guetter mon arrivée. A toi d’estimer le rythme de ma progression et de m’envoyer, au bon endroit si possible, le signal de ton départ. Dès ce signal je ne t’écrirai plus, mais je laisserai des traces de mon passage que tes sens aiguisés ne manqueront pas de percevoir.

Il me tarde de recevoir ta réponse, adresse-la à Mayence, j’y séjournerai quelques jours.

Je t’envoie deux becs et une bise – cette formule est désormais la nôtre. (Dans ma tête, je te serre aussi dans mes bras.)

Gaspard

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