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Septembre est une jardinière de prunes – VII

Que fait-il assis sur ce tronc au bord du fleuve à la tombée de la nuit, habillé comme quelqu’un qui va dormir dehors? Méditation du soir?
Lui-même ne sait pas. Il sait où il est, mais il ne sait pas où il en est. Un simple coup de fatigue?
Une chauve-souris le frôle, puis plusieurs, il en compte quatre; où est la cinquième? Elles se mettent à danser autour de lui; il devient le centre d’une circumambulation aérienne, les cercles sont tantôt ultra-petits, tantôt ultra-grands. Il ne bouge pas la tête, son regard fixe l’horizon à la hauteur duquel volent les mammifères. Que lui disent-ils? Une récente conversation avec une marchande ambulante croisée sur une place où elle vendait des rouleaux de printemps lui revient à l’esprit; pour nous autres Chinois, disait-elle, la chauve-souris est le symbole du bonheur. Alors j’aime le bonheur, avait-il répondu, et la marchande de lui offrir un rouleau de printemps tout chaud, puis elle avait sorti cinq petits cailloux noirs de sa poche, qu’elle avait arrangés sur son stand: disposées ainsi, cinq chauves-souris figurent les Cinq Bonheurs : richesse, longévité, tranquillité, santé et bonne mort.
Assis sur son tronc il ne compte toujours que quatre chauves-souris, ce qui le rend très zen. Lorsque la nuit est noire et que les cercles sont devenus invisibles, il déroule son sac et se couche le long du tronc, tout heureux de ne pas avoir la richesse.

Dors Gaspard, demain est un autre jour.

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