Plus que 365 jours… (183/365)

Août rougeoie – XXXI
Lieux et dialogues de l’été – XXX
Caldarium

Ici, on entre librement, attiré par la chaleur, même quand le trottoir est brûlant. La chaleur de ce qu’on rôtit dans ce point chaud; il y a ceux qui en dégustent et ceux qui se contentent de l’odeur. La chaleur des humains; ici on se regarde, on se parle, on s’écoute, on se rencontre.

Du quai 3 qui est à un jet de ballast, on peut savoir si le point chaud est allumé, on ne voit pas l’enseigne mais on la sent. Dans cette gare-là, l’horaire est aussi olfactif. En descendant du train, Mlle Pillonel, institutrice retraitée, est pressée de rentrer chez elle pour classer les échantillons de sables qu’elle rapporte de ses vacances. Elle habite au sud des voies, pourtant elle se dirige au nord, non pas que son nez, qui n’est pas long, l’y attire comme l’aiguille d’une boussole, mais parce que son nez, qui est fin, lui rappelle qu’aujourd’hui on rôtit. Alors, avec armes et bagages, elle s’en va acheter sa livre hebdomadaire.
– Moulez-le moi bien fin, s’il vous plaît, comme ce sable de Turquie.
On l’invite à s’asseoir un instant et on lui offre un café glacé. Par la porte restée ouverte on entend entrer une chanson:
à la pêche aux moules moules moules
je n’veux plus y aller maman
les gens de la ville ville ville
m’ont pris mon panier maman…

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