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Août rougeoie – VIII
Lieux et dialogues de l’été – VII
Le jardin

Dans le jardin de Mathilde, on n’a pas dormi, mais on a dîné, légèrement. On en est au café, du café froid avec des glaçons, le canicule est de retour. Pour l’instant, il n’y a qu’une demi-douzaine de personnes à l’ombre du pommier, mais on attend du monde dès la fin d’après-midi pour la fête, une sorte de garden party de 1er août, mais simple et conviviale, dans l’esprit de l’association Vivre ici.
Au fil de l’après-midi, de petits groupes se forment à l’ombre, là où on a mis des bancs, ainsi que dedans et dehors, là où on a installé des tables. Ici on discute, là on cuisine, ailleurs on fait les deux. Un groupe s’affaire autour de la cabane, à côté du four à pain, sous la toile qu’on a tendue en guise de parasol, mais assez haut car il y aura un feu – sans artifice – pour faire mijoter une soupe. Pierre dirige les opérations; en apprenant la recette de la soupe de chalet aux volontaires qui l’accompagnent, il raconte de l’arrivée de sa famille dans cette ville industrielle dont la vie était rythmée par les sirènes d’usine et les sifflets des cheminots.
– J’étais enfant et nous débarquions du fin fond de la Gruyère, de la partie où l’on parle le suisse allemand. C’était pas simple pour nous, on nous traitait – nous les Fribourgeois – de paysans illettrés buveurs de pomme, de gens sales vivant dans la promiscuité, de pondeurs d’enfants, comme au Tiers-Monde et en plus on était catholiques en terre protestante, bref, pour certains on n’avait aucune qualité, seulement des tares. Parfois, on avait l’impression d’être juste un peu mieux que les Italiens, c’est-à-dire égaux aux chiens! Heureusement qu’on avait notre paroisse et notre Cercle, on se serrait les coudes et on s’intégrait peu à peu, un subtil équilibre entre ouverture et ghetto.

 

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