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Ardeurs de juin – IV bis

On peut être surpris par ce dessin d’Heinrika vu par les yeux de Gaspard, ce dessin né d’un texte dans un cahier, ce texte né d’un phrase dans un carnet, ce carnet qui appartient à celui qui aimerait être né de la dernière pluie et parcourir le Monde comme un ravi, mais sans crèche et tout ce qui va avec. Ce dessin que nous vîmes donc hier, sur ce blog qui pourtant n’en montre pas, peut faire naître chez le lecteur de légitimes questions, pour autant que le lecteur, ce lecteur virtuel, s’en pose des questions, légitimes ou pas.

Lecteur virtuel qui se pose des questions légitimes :
D’accord il foisonne, ce dessin, mais quel est son format, qu’on se rende un peu compte, il n’est tout de même pas comme les affiches de Sempé ?

Rédaction (en communication permanente avec l’auteur, le narrateur, etc., etc.) :
Il est vrai que l’auteur ou le narrateur – nous les renvoyons dos à dos – aurai.en.t pu préciser, aurai.en.t dû préciser, que le cahier noir acheté par Gaspard à Hospental est de format A5, et que le lecteur aurait dû être informé qu’Heinrika a dessiné sur une double page sans tourner le cahier, donc que le dessin est un format A4 dans le sens paysage.

[Le narrateur bouillonne, fulmine, voudrait se défendre mais l’auteur le fait taire ; il a quand même le temps de jeter à la face de l’auteur : « tu n’es qu’un pisse-copie vendu à la rédaction ! » avant que l’auteur lui coupe le sifflet.]

Lecteur virtuel qui se pose des questions légitimes :
A4 d’accord, mais on peut vraiment voir tout ça sur le dessin ?

Rédaction (en communication permanente avec l’auteur, le narrateur, etc., etc.) :
Tout ça quoi ?

Lecteur virtuel qui se pose des questions légitimes :
D’accord, trois bateaux aux noms mièvres qui naviguent de conserve vers l’ouest avec des fruits et légumes frais, mais ce qui ce passe sur les vaisseaux, on peut vraiment le voir ?

Rédaction (en communication permanente avec l’auteur, le narrateur, etc., etc.) :
Sans vouloir défendre l’auteur ou le narrateur, ou les deux, on vous rappelle, cher lecteur virtuel, que des fois on peut répondre par soi-même aux questions légitimes. On peut lire dans le texte d’hier que Gaspard est comme une vigie en haut d’un mât, alors, cher lecteur soi-même, réfléchissez un peu, et si vos questions sont légitimes c’est que vous n’en êtes pas à votre premier livre, n’avez-vous donc jamais lu que les vigies en haut des mâts ont des longues-vues ?

Lecteur virtuel qui se pose des questions légitimes :
D’accord, et alors ?

Rédaction (en communication permanente avec l’auteur, le narrateur, etc., etc.) :
Mais tonnerre de Brest, imaginez vous Gaspard debout sur le dessin avec une longue-vue !

Lecteur virtuel qui se pose des questions légitimes :
Debout sur le dessin avec une longue-vue ? Gaspard, le soir, avant de s’endormir, après une journée de marche ? Vous plaisantez ? Expliquez-donc !

[Silence gêné de la rédaction, pourtant en communication permanente avec l’auteur, le narrateur, etc., etc.
L’auteur prend la parole, ignorant le narrateur qui essaie, par gestes – le lecteur se souvient qu’on lui a coupé le sifflet, au narrateur – de l’empêcher de prendre la parole pour sauver la rédaction qui est dos au mur.]

L’auteur indépendant et d’une droiture exemplaire :
Chère Lectrice Virtuelle, chère Rédaction, chers Amis,
Aucun.e de vous ne sait encore qu’Heinrika aime les miniatures ; elle les dessine grâce à une loupe d’horloger offerte par son grand-père paternel. Gaspard la dévorait des yeux quand elle dessinait de sa main adroite, la loupe collée à l’oeil gauche ; ensuite il avait l’impression de voir le dessin avec ses yeux à elle quand elle lui prêtait la loupe d’horloger pour découvrir ses complications. Vous comprenez ?

[Silence gêné de la rédaction, pourtant en communication permanente avec l’auteur, le narrateur, etc., etc.]

Lecteur virtuel qui se pose des questions légitimes :
D’accord, mais Gaspard, le soir, avant de s’endormir, après une journée de marche, il fait comment pour voir les complications qu’a réglées Heinrika de sa main adroite, la loupe collée à l’oeil gauche ?

L’auteur indépendant, d’une droiture exemplaire et qui s’est rendu compte que la rédaction a décroché :
Chère Lectrice Virtuelle, chers Amis,
Avant qu’il parte, Heinrika a offert une loupe d’horloger à Gaspard, une loupe moderne avec une lumière led à pile. Vous comprenez ?

Lecteur virtuel qui se pose des questions légitimes :
D’accord, mais ça devient compliqué ! Il faisait quoi le grand-père paternel d’Heinrika ? Horloger ? Automaticien ? Bijoutier d’exceptions ? Répétiteur ? *

La rédaction, l’auteur et le narrateur, enfin à l’unisson :
Lire ça sert aussi à stimuler l’imagination, alors on va pas tout expliciter, sans compter qu’il ne nous reste plus que 241 épisodes et qu’ils sont loin d’être à Riga, Gaspard et Heinrika !

Les Amis :
Hé, l’auteur-narrateur-marcheur, c’est vrai que tu as appris à embrasser avec une bêcheuse, dans un jardin ?

La rédaction, l’auteur, le narrateur, toujours à l’unisson, et le marcheur qui les a rejoints :
Non mais, de quoi on se mêle, et la vie privée, vous en faites quoi ?!

Lecteur virtuel qui se pose des questions légitimes mais qui commence à y répondre lui-même :
Hé, les Amis, faites comme moi, un peu d’imagination !

*bijou, caillou, chou, genou, hibou, joujou, pou

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