Plus que 365 jours… (102/365)

Neige de mai – V

Cet espace carré, ce cube tronqué, n’est pas sur une carte, ni sur un plan, mais il possède ses propres plans. Ces plans sont la synthèse de discussions qui ont eu lieu dans une maison au milieu d’un jardin, et dans le jardin lui-même – sur la carte on voit la maison et la limite de la parcelle, donc du jardin, mais pas la cuisine dans laquelle ont eu lieu beaucoup de ces discussions.  Ces plans ont été dessinés par Mathilde. Lorsqu’il a vu ces plans, Denis – menuisier, ébéniste, lecteur de polars, fidèle client de Marguerite, auteur de plans d’un métier à tisser que sa femme Hélène désire ardemment voir construit avant le déluge – a loué le travail, fond et forme : pas le moindre détail à changer ! C’était chez Mathilde, lors du repas qui a suivi la fondation de l’association Vivre ici. -J’ai le bois qu’il vous faut, un beau lot de planches d’épicéa hérité d’un cousin paysan-forestier dans la vallée qui descend du col de Jable et où coule le Meielsgrundbach jusqu’à Grund bei Gstaad où il se jette dans la Sarine que les gens de là-bas appellent Saane. Vous verrez poursuit-il – fluide et clair comme un torrent –, avec le temps et le soleil ce bois donnera une teinte magnifique à notre cabane, sans adjonction de quoi que ce soit. Selon feu mon cousin, dans la chimie du sol de cette vallée il y a quelque chose qui fait que l’épicéa ne devient pas gris au fil des années, mais plutôt couleur miel, un beau miel de sarrasin auquel on aurait rajouté un peu d’orange pour qu’il ressemble à certains miels de bruyère !

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