Ici et là – IX

Pétrin – où l’on se perfectionne, encore et encore

Ce retraité qui part par le premier train, c’est Robert, l’ami de Rose. Depuis qu’il s’est remis à boulanger, sur son balcon, dans le jardin de Mathilde et sous le chapiteau bleu, il n’a de cesse de parfaire son art, de trouver les meilleures farines des alentours, de renouer avec les gestes et les objets d’antan – pétrin en bois, bannetons en osier toilés de lin, fours à bois à chaleur directe, indirecte, avec ou sans gueulard, techniques de chauffe, types de feux et de bois – de retrouver de vieilles recettes, d’apprendre, de partager. N’étaient ses cheveux blancs et ses rides profondes, on pourrait le prendre pour un apprenti modèle, levé le premier, couché le dernier.

Avec le naturel qu’on lui connaît, Alcide a mis Robert en lien avec Eric et Célestine, Roger et Vera, sans oublier le boulanger et la boulangère du bourg, qui se font vieux eux aussi. Les jours où il se rend au bourg sont jours de vacances pour Robert, pourtant il part tôt et revient tard, travaille beaucoup entre deux, mais il apprend, perfectionne et partage, et ça lui rappelle les vacances avec son père, camping sauvage en bord de mer, ou de lac, ou de rivière; regarder, apprendre, essayer; de nouveaux noeuds, de nouveaux poissons, des rencontres, des repas partagés sur la braise, de délicieuses papillotes, des rires, les premiers verres de rosé. Il revit tout ça Robert, en boulangeant avec ceux du bourg, sous le chapiteau rouge et blanc devenu une véritable boulangerie de campagne distribuant du pain et des douceurs aux laissés-pour-compte; on boulange et on apprend, on boulange et on mange pendant que la pâte lève, et on boit, et on rit, et on contrôle la pâte, et on raconte des histoires, et on fait des projets, et on façonne, et on reboit pendant que la pâte regonfle dans les bannetons étoilés, car il fait nuit, et on grigne, et on enfourne, et on attend, et on défourne, et on reprend le dernier train, et si on le manque, on dort sur place en attendant le prochain train, celui du lendemain, et on rapporte des croissants à Rose, des croissants qu’on a fait soi-même, pour que Rose elle ne se fâche pas trop parce qu’on a découché à la campagne, sous un chapiteau rouge et blanc.

A demain.

Ici et là – VIII

Des rails vers la prairie, et vice-versa – où l’on prend le temps…

Entre la ville de Mathilde et le bourg d’Alcide il y a des rails, rails qui, en quelque sorte, constituent un lien tangible entre les deux communes.
La cadence horaire ne donne pas le tournis, c’est une fois par heure, précisément. Dans le sens ville bourg, on part de la voie 1 et on arrive sur la voie 1, dans l’autre sens, bour vil – en deux mots –, on part de la voie 2 et on arrive sur la voie 4.
Le flux de voyageurs n’est pas impressionnant, mais en cette période de Grand Confinement, le personnel roulant remarque une légère augmentation, en tout cas Michel qui est sensible et contrôle souvent cette ligne. Il est frappé par ce nouveau type de passagers qu’il voit monter en ville et descendre au bourg, et vice-versa. Ils sont habillés comme les autres, appartiennent à toutes les tranches d’âges et à toutes les catégories sociales, ils portent le masque, correctement, presque paisiblement aurait-on envie de dire. C’est bien dans leur attitude qu’il y a quelque chose de particulier. Ils semblent avoir le temps, être attentifs à tout ce qui les entoure, une sorte d’empathie pour les gares, pour les gens, pour les paysages qu’ils traversent. Leurs yeux semblent dire bonjour à tout et à tout le monde, une sorte de présence joyeuse qui dit aussi la joie d’aller à la campagne ou de revenir en ville.
Il y a ce retraité qui part par le premier train; dans la gare il salue d’un signe de tête tous ceux qu’il croise – qui ne sont pas très nombreux à cette heure; dans le train il regarde le paysage religieusement, d’un côté à l’aller, de l’autre au retour. Quand Michel le voit rentrer en fin de journée, et que lui aussi descend sur ce quai car il a terminé son service, l’homme reste un moment debout sur le quai de la ville, les yeux fermés, faisant des gestes de la main et du bras gauches, comme s’il recousait les deux côtés du paysage, se dit Michel qui peut rester un moment sur le quai à le regarder discrètement, puisqu’il a terminé son service.
Il y a aussi ce groupe de femmes qui part de la ville par le train de 8h, mais jamais le même jour que le retraité. Sur le quai elles sont silencieuses, dans le train elles échangent quelques mots à peine audibles, comme pour ne pas oublier un programme; elles aussi boivent le paysage, deux d’un côté, deux de l’autre, derrière leur masque.

A demain, au train de 23h et quelques minutes…

Ici et là – VII

Courte de paille ? – où l’on mesure les effets d’une simple maison de paille sur la population du bourg

5 000, c’est  approximativement le nombre d’habitants du bourg d’Alcide, ce  bourg dans lequel il n’a fallu ni « parachutage » ni  « opération coup de poing » pour qu’un chapiteau pousse. C’est qu’avant le chapiteau, une maison de paille est passée par là, et qu’elle y est toujours, la maison, mais il a fallu se battre pour qu’elle y reste, la maison. Bien du monde a mené ce combat, à commencer par Jean, le syndic, qui est toujours là, lui aussi, fidèle au poste. Et bien du monde en a bénéficié de ce combat : des volées d’écoliers qui ont eu classe verte dans le jardin-forêt qui entoure la maison bien plus solide que celle des trois petits cochons, de nombreux habitants du bourg et des environs qui ont participé à des fêtes, à des marchés et à des ateliers de permaculture dans cet Eden luxuriant de verdure et d’humanité.
Alors quand il s’est agi de dresser un simple chapiteau dans un pré d’Erich pour une durée indéterminée,  la commune a dit oui sans en référer au Canton et les gens du bourg ont immédiatement apporté le soutient logistique nécessaire : sciure et bois pour créer un plancher, matelas, couvertures, braseros, nourriture, combustible, et caetera, et caetera.
Et c’est ainsi que naquit un faubourg d’où commença la reconquête de l’échelle locale, avec l’aide des citoyens de la ville de Mathilde.

A demain.

Ici et là – VI

Changer, chuter ? – où l’on se pose enfin les bonnes questions

4 à quatre, il monte les marches. Il ne sait plus si son bureau est un refuge ou une cellule. Peu importe. Perché au sommet de l’Hôtel de ville, il se demande comment en sortir, par le haut ou par le bas ? 

Le bas, il connaît bien.
Rester, attendre, espérer. Mais quoi exactement ? Un génie sort d’une bouteille, un de celles qu’il débouche à intervalles réguliers, et lui demande de faire trois voeux ? Mais quels voeux est-il encore capable de formuler ? Retrouver le métier qu’il avait avant, celui qu’il n’aurait jamais dû quitter et le faire mieux ? N’entrer à aucun prix en politique, ce cul-de-sac écoeurant qui ne débouche que sur des bouteilles à intervalles réguliers ? Retourner dans un ventre et bien réfléchir avant de s’en laisser expulser ?

Le haut, il ne connaît pas. Il essaie d’imaginer.
Démissionner, reconnaître qu’il a fait son temps et même qu’il s’est trompé, qu’il aimerait bien réparer un peu en se mettant au service de la communauté, bénévolement, mais sans responsabilité, juste faire les choses qu’on lui demanderait.
Se représenter, être brillamment réélu grâce à un nouveau programme, du jamais vu, changer, être aimé, reconnu, boire de l’eau minérale.
Non, l’eau minérale il ne peut pas l’imaginer.

Alors quoi, atteindre le bas par le haut, ouvrir la fenêtre de son bureau, grimper sur le toit et sauter ?

Dans la ville de Mathilde la ville dont le syndique ne pétillera jamais , l’initiative a obtenu cinq mille signatures valables dans le délai imparti, le vote a eu lieu, le plan de quartier a été balayé par septante pourcents des voix, la Place du Cirque est devenue forum et l’avenir qu’on y dessine ignore le béton.

Ici et là – V

Chapeau, chapiteau – où l’on comprend deux ou trois choses sur la famille Eicher

3 petites notes de musique s’élèvent du chapiteau rouge et blanc qui lui même s’élève dans un pré de M. Eicher, comme on l’a vu hier. Trois petites notes puis un concert improvisé devant un public clairsemé et distant (1,5 m.).

A la manoeuvre, on retrouve l’équipe qui a monté le chapiteau bleu en décembre dernier: Walter, Fernando, Denis et les hommes Yéniches – Léonard, Adolph, Julius et Herbert –, équipe complétée par Erich – M. Eicher s’appelle Erich –, Alcide, Roger et Eric, sans h, équipe soutenue par Mariella, Mathilde, Vera, Célestine et Astrid. Le chapiteau monté, Léonard, Adolph, Julius et Herbert disent en choeur, mais sans chanter, – pendons la crémaillère, mais à notre façon ! Ils s’éclipsent un instant et reviennent chacun avec un étui, qu’ils ouvrent: guitare, violon, accordéon, contrebasse. Trois petites notes puis une ribambelle, façon Yéniche Sounds.

Entre chaque morceau, le public, bien que clairsemé et distant (1,5 m.) – Mariella, Mathilde, Vera, Célestine, Astrid, Walter, Fernando, Denis, Erich, Alcide, Roger et Eric, sans h – applaudit à tout rompre, mais le chapiteau tient bon.
A la fin du concert façon crémaillère, et après une dernière salve d’applaudissements – le chapiteau tient toujours – Erich prend la parole, les larmes dans la voix, un peu comme un violon désaccordé:
– Merci mes Amis, merci de ce concert improvisé. Il se dirige ensuite vers Julius, lui emprunte son accordéon et se met à jouer un air joyeux, des notes qui rappellent tantôt les Alpes, tantôt les mélodies yéniches jouées quelques instants plus tôt.

La musique fait place à un long silence, personne n’ose applaudir – pourtant les mains démangent –, on fixe le visage d’Erich, on sent qu’il va prendre la parole. 
– Je crois qu’être Yéniche nous relie profondément à ces musiques, c’est, entre autres choses, ce que montrent mes cousins Stephan et Eric Eicher dans le film Yéniche Sounds tourné il y a quelques années par Karoline Arn et Martina Rieder. Au moment de sa sortie, j’ai failli parler des mes origines yéniches, oser enfin, mais quelque chose m’a retenu; il aura fallu ce chapiteau rouge et blanc, et surtout vous, mes Amis, pour que je sorte enfin d’un long silence.

– Chapeau ! dit quelqu’un.
– Chapeau ! reprennent les autres en choeur, mais sans chanter.

Rafales d’applaudissements, le chapiteau tient toujours bon, et de plus belle.

Chapeau, le chapiteau, et à demain.

Ici et là – IV

Ponts, fils – où l’on comprend qu’un toit sans fenêtre en ouvre quand même, des fenêtres

2 chapiteaux donc. Un ici et un là.

On connaît déjà celui d’ici – il est bleu, il a été mis à disposition par un certain Walter, il a été planté sur « une nouvelle place de la ville », il est devenu un forum ouvert à tous ceux qui rêvent de prendre de la hauteur sans goudron ni béton, un carrefour pour funambules ne rêvant pas de marcher sans fil, une fenêtre qui ouvre sur un avenir différent de celui voulu par les autorités – alors parlons de celui de là.

Celui de là est né de celui d’ici. On se souvient en effet, épisode d’hier, que dès le printemps, le chapiteau bleu est aussi devenu un lieu d’accueil pour les démunis, les laissés-pour-compte de la pandémie et que quand il n’a plus suffi on en a trouvé un autre qu’on a mis là, dans le bourg, tout près d’Yggdrasil. Voilà comment ça s’est passé.

Sociable comme il est, Alcide s’était mis à parler des gens de la ville aux gens du bourg, son bourg, il parlait de Mathilde et de ses amis, des Yéniches, des caravanes, du chapiteau. Et les mots d’Alcide touchèrent les oreilles de son voisin paysan qui élevait des brebis bio qui faisaient le beurre de Perrine. M. Eicher, c’est le nom de l’éleveur bio, vient un soir chez Alcide et fait une sorte de coming out au pied d’Yggdrasil, devant des auditeurs médusés – Alcide, Vera, Roger, Célestine et Eric.

« Je suis Yéniche moi aussi, je suis venu me sédentariser en romandie, je n’en pouvais plus d’être stigmatisé, d’être rejeté, moi le nomade avec ma roulotte et mon cheval. Maintenant je veux affirmer mes origines, en être fier et apporter de l’aide à ceux qui en ont besoin; comment soutenir le chapiteau bleu, les Yéniches et les démunis qu’ils accueillent? »

La lectrice et le lecteur devinent comment un second chapiteau fut planté sur le terrain de M. Eicher, le voisin d’Alcide, Vera, Roger, Célestine et Eric. Mais d’où sortit-il ce second chapiteau qui était rouge et blanc et qui l’est toujours ? D’un chapeau ? Mais non lectrice, mais non lecteur, il sortit des réseaux yéniches, invisibles et humains, ces réseaux qui ouvrent de nouvelles fenêtres tout comme les chapiteaux-refuges et forums qui n’en ont pourtant pas, de fenêtres, les chapiteaux.

A demain.

Ici et là – III

Ponts, fils – où l’on voit qu’un toit peut se reproduire,  donc ouvrir de nouvelles fenêtres

1 chapiteau est arrivé ici en décembre dernier et, juste avant lui, des Yéniches avec leurs caravanes. Il est toujours là le chapiteau, et les Yéniches aussi.

Aux yeux des membres de l’association Vivre ici, ils sont comme tombés du ciel, les Yéniches, une sorte de bénédiction. Certes l’association faisait déjà changer la ville, pas à pas, en douceur, un peu en désordre mais avec un cap, mais c’est bien lent, se disaient les membres de l’assoce et leur nombreux sympathisants; avec les Yéniches, on est monté de plusieurs crans, d’un coup, le souk dans la ville, le cauchemar des autorités, une ZAD en plein dans un plan de quartier, du jamais vu, une occasion de réveiller la ville, des gens sommés de prendre position, en plein mois de décembre, obligés de se souvenir que le mois des cadeaux est lié à une vieille histoire, très vieille, celle d’un couple qui marche une nuit de décembre, celle d’une femme et d’un homme qui deviennent parents dans une étable, entre un âne et un boeuf, sans dinde ni foie gras, la fête des SDF en somme; alors oui, ils sont tombés du ciel les Yéniches, ils sont venus rappeler cette très vieille histoire. Mais que font-ils toujours là, un an c’est long ?

La ville – ici – les a adoptés, leur a promis qu’ils pourraient revenir quand ils voudraient, qu’il y aurait toujours de la place pour eux ici, sur cette place, leur place, la Place du Cirque.
Ils pensaient partir au printemps, mais la pandémie est arrivée, alors ils sont restés ici et ont fait de leur chapiteau – le chapiteau bleu qu’ils avaient reçu de Walter, alias W. – un lieu d’accueil pour les démunis, les laissés-pour-compte de la pandémie, repas chauds, réconfort et dortoirs de fortune. Et les autorités n’ont rien pu faire contre, sous le chapiteau distances et gestes barrières étaient respectés, la population d’ici se démenait pour ravitailler la crèche bleue et se relayait pour faire rempart contre la maréchaussée, cette pitoyable troupe du roi hérode, avec minuscule. Et quand le chapiteau bleu n’a plus suffi, on en a trouvé un autre qui, grâce à Alcide, avec Majuscule, a été installé là, c’est-à-dire dans son bourg natal, à un jet de pierre d’Yggdrasil, son frêne jumeau.

A demain.

Ici et là – II

« Etymologie » – où l’on continue à y voir un peu plus clair, en principe, grâce aux résumés, succincts, très succincts,  des deux histoires qui vont n’en faire plus qu’une…

Ici est donc une ville.
D’ici un gars est parti à pied, à pied et au long cours, tandis que sa compagne restait, mais sans faire du surplace dans la ville, bien au contraire.
Le gars c’est Gaspard, la compagne c’est Mathilde.
Le gars avance hors de la ville, la compagne fait avancer la ville.
Tandis que le gars Gaspard marche d’un bon pas, ou s’arrête, seul ou en compagnie – les crêtes du Jura, Bâle, le Gothard, les Grisons, le fil du Rhin, la Mer du Nord – Mathilde imprime un nouveau pas à la ville, sa ville, en douceur, leur ville, car avec elle marche une compagnie, pas au pas mais en douceur, un peu en désordre mais avec un cap.
On a quitté cette première histoire à Lisbonne – une autre ville – dans une taverne, en février dernier,  et il y a fort à parier que dans cette taverne – Taberna Sal Grosso – des ponts ont été jetés entre ici et là. On verra.

Là est donc un bourg.
Là est né Alcide, un petit gars qui a appris à prendre de la hauteur dans les branches de ses soeurs et frères les arbres, dont Yggdrasil, son Frêne jumeau.
A force de prendre de la hauteur, il s’est retrouvé sur les toits du bourg, l’Alcide, ce qui ne lui a pas déplu au petit gars, alors il a appris le métier de ramoneur chez un patron de là.
Son CFC en poche, il s’est engagé en ville – chez un patron d’Ici. Et des toits d’ici il a vu des gens qui imprimaient un nouveau pas à leur ville, pas à pas, en douceur, un peu en désordre mais avec un cap. Alors il s’est mis à marcher avec eux et à tirer des fils entre les toits d’ici et ceux de là. Entre les toits et les fenêtres, en compagnie.

A demain.

Ici et là – I

Tissage – où l’on remonte quelques fils de la confluence, où l’on commence à y voir clair (un peu)

Est-ce étonnant qu’Alcide – ce ramoneur qui a eu 20 ans l’année du Grand Confinement, ce garçon vif et curieux qui après son apprentissage dans un bourg (là)  s’est engagé dans une entreprise de ramonage d’une ville (ici) – explore l’ici après ses heures de travail, découvre Les Yeux Fertiles et le chapiteau des Yéniches, se mette à fréquenter ces lieux et les gens qui les font vivre, Mathilde, Fernando, Rose, Roger, Paola, Marguerite, Mariella, Klara et tous les autres?

Est-ce étonnant que des gens de la ville (ici) fuyant les supermarchés du confinement découvrent le bourg (là) et ses produits locaux?

Est-ce étonnant qu’un beau jour une famille sédentaire du bourg (là) ose affirmer ses origines Yéniche à la suite du récit d’Alcide à propos de caravanes installées en ville (ici)?

Est-ce étonnant que des liens entre ici et là s’étoffent au point qu’on se jumelle (là&ici)?

Est-ce étonnant que Mathilde présente Gaspard et Heinrika aux gens d’ici et que Vera les présentent aux gens de là?

Est-ce étonnant que des gens descendent d’un alpage et se promènent ici et là?

Est-ce étonnant qu’un chapiteau (ici) résonne aux sons de deux fifres et que des caravanes partent en tournée (là)?

Est-ce étonnant qu’Eric et Célestine deviennent pour un temps gérants d’un camping?

Que de questions!
Mais bientôt, que de réponses!
Et avant bientôt, des résumés, car on l’entend déjà la clameur de cette foule de lecteurs qui brame son incompréhension alors qu’on vient à peine de (re)commencer…
Mais avant avant bientôt, dodo.
Alors bonne nuit.
Que de promesses…

 

 

On reprend

Septembre se termine, on reprend.
On pourrait se questionner sur les promesses d’août mais on ne le fera pas, ce serait trop long, stérile, et caetere, et caetera.
On reprend, donc.
Mais que reprend-on exactement?
Une histoire certes, une histoire laissée en plan, mais que se passe-t-il quand on laisse une histoire en plan trop longtemps? Que fait l’histoire, attend-elle sagement comme un livre sous une pile ou en double file dans une bibliothèque? Ça dépend. Il faut considérer l’énergie de l’histoire, celle de ses personnages, les circonstances, et mille autres variables encore. Telle une IA, l’histoire peut par exemple échapper à son auteur, générer de nouvelles circonstances, de nouveaux personnages, rencontrer une autre histoire, dans une ornière, lui venir en aide, sympathiser, et caetera, et caetera.
Des histoires laissées à elles-mêmes, on en connaît sur ce blog… Une par exemple qui devait durer 365 jours – un gars qui marche… – et une autre, celle d’un ramoneur qui a eu 20 ans l’année du Grand confinement.
On reprend, donc.
Mais où on reprend exactement?
– T’étonneras-tu, lectrice, t’étonneras-tu, lecteur qu’il y ait eu rencontre entre ces deux histoires? Que l’une ait eu de l’intérêt pour l’autre, et réciproquement? Peu importe ta réponse, lectrice, ou ton indifférence lecteur, sachez que dorénavant ces deux histoires confluent, pour le meilleur et pour le pire.
Confluer n’étant pas convoler, aucune n’a perdu son nom au profit de l’autre, elles ont décidé, nos deux histoires en plan, de prendre un nouveau nom, un nom commun en quelque sorte.
On reprend donc au confluent des deux histoires et l’on sera sans doute surpris d’apprendre que la confluence a commencé bien avant que l’auteur les laisse en plan, ces deux histoires.
Mais quand exactement?
Dans un moment, septembre tire à sa fin mais minuit n’a pas encore sonné.