J’ai eu 20 ans l’année du Grand Confinement – épisode 26/x

Yggdrasil cycle 2, l’arbre à palabres

Épisode 26
Préambule, avec plusieurs «s»… (suite de la suite)

Ce n’est pas le doux bruit de l’Hermes Baby vert sauge qui réveille Nadia – elle habite trop loin, un village après le bourg, direction la Capitale – non, comme tous les samedis depuis juin, on petit-déjeune ensemble, au pied d’Yggdrasil ou dans la cuisine de la fermette de Vera, c’est la météo qui décide où les femmes se retrouvent, Vera, Célestine et Nadia; depuis peu, c’est-à-dire depuis qu’elle a fortuitement fait connaissance avec Véra et Célestine (épisode 23), Diane se joint parfois au trio, en fonction de son emploi du temps mais pour le trio, le programme est invariable. Les hommes, de leur côté – grands ou petit –, Roger, Eric et Alcide font le marché, quelle que soit la météo. Alcide aime partir au bourg en faisant la balançoire entre les deux  grands hommes, aime biffer les achats sur la liste des commissions, aime manger une brioche tiède au-stand-du-boulanger-qui-a-un-four-à-bois-sur-roulettes-comme-celui-qu’on-a-loué-pour-la-fête-de-la-fin-de-l’école, aime écouter parler les adultes, surtout quand il y a Basile, le garde champêtre; parfois, vers une heure (13), les fois où l’on ne s’est pas levé très tôt, on mange une pizza chaude au-stand-du-boulanger-qui-a-un-four-à-bois-sur-roulettes-comme-celui-qu’on-a-loué-pour-la-fête-de-la-fin-de-l’école, avec Basile; ces fois-là on a d’abord fait un marché express, et quand on rentre, la bouche encore rouge – aussi les grands – les femmes refont une liste avec ce qu’on a oublié mais ça finit toujours par des rires, sauf la fois où l’on avait oublié le beurre pour les épinards et qu’on avait des invités le soir.

Ce matin Nadia est venue seule, Diane court les bois et les hommes sont déjà au marché. Vera lui sert un café tandis que Célestine lui tend deux feuilles qu’elle se met aussitôt à lire. Moment de grâce au pied d’Yggdrasil; deux femmes regardent une lectrice concentrée sur son texte; parfois elle fronce, s’assombrit mais l’embellie est spectaculaire au fil des lignes, le visage allongé de Nadia s’arrondit et devient solaire, elle sent, plus qu’elle ne sait, qu’on la regarde. Elle pose les feuilles sur la table, attrape un caillou qui passait par là, en fait un presse papier  – le frêne est témoin qu’il y a un petit air, ses feuilles caressent les oreilles des femmes, à moins qu’Yggdrasil ne trépigne de connaître la suite –, s’empare de la machine à écrire, y introduit une feuille-un carbone-une feuille-un carbone-une feuille (en une seule fois) et se met au clavier à un rythme plutôt rock’n’roll…

Préambule – la partie de Nadia

[A suivre…
On se retrouve plus tard et si, comme Yggdrasil, vous trépignez, eh bien dansez sur votre balcon sur le coup des neufs heures (21), le rock ‘n’ roll, ça plaît toujours, surtout le samedi soir.]

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