Ici et là – XXVIII

Deux c’est assez, trois c’est trop / 2 – Retour à Lisbonne, où l’on arrive à la fin

Il y a fort à parier qu’une partie de ce qu’on a lu ces dernier mois s’est joué à Lisbonne en janvier dernier. Mais qu’est-ce qui s’est dit sur cette terrasse, la terrasse de la Taberna Sal Grosso? On pourrait demander au narrateur puisqu’il était là et que, d’après ce que l’on sait, il n’a pas dit grand chose mais a plutôt écouté, comme l’auteur mais qui prenait des notes, lui.

« On a d’abord dû se présenter, l’auteur et moi, pensez-donc, deux couples attablés refaisant joyeusement le Monde et deux inconnus qui se pointent, l’un prétendant les avoir fait naître, puisqu’il est leur auteur, quand à l’autre, – c’est à dire moi qui vous parle – essayant d’expliquer qu’il était juste narrateur, donc responsable de rien, bref une scène assez cocasse mais qui se termine bien. Mathilde, Heinrika, Gaspard et Fernando, intelligent.e.s et bien élevé.e.s, nous firent de la place, firent mettre deux couverts de plus et partagèrent avec nous nourritures, boissons et soirée sans en faire tout un plat; cela dit, je vous recommande vivement cette adresse, Taberna Sal Grosso, on y est bien, fond et forme, sans compter que le gros sel c’est bon pour beaucoup de choses, bref, ce qui s’est dit ce soir-là, je vais vous le dire, mais dans les grandes lignes seulement car je ne prends jamais de notes, moi.

On était fin janvier ou début février, je ne me souviens plus, je ne prends jamais de notes, de retour du sud, région natale de Fernando, Mathilde et Fernando étaient repassés par Lisbonne pour dire au-revoir à la ville avant de regagner la Suisse. Heinrika et Gaspard avaient fait escale à Lisbonne avec Alberto avec qui ils avaient embarqué à Rotterdam; subjugués par la ville, ils avaient laissé leur capitaine voguer sur l’Atlantique tandis qu’eux deux dérivaient dans la ville. Tout à fait par hasard, à l’heure où la faim agite les estomacs comme les vagues l’océan, les deux couples  s’étaient rencontrés et avaient trouvé refuge dans cette taverne bien nommée, ou plutôt sur sa terrasse – on peut tout de même être précis malgré l’absence de notes, ou bien? Et nous voilà attablés avec eux, sur la terrasse donc; on mange, on écoute et l’auteur prend des notes – le lecteur prendra note qu’il est curieux qu’un auteur suive ses personnages et non l’inverse, quoi que, en y repensant… bref, je crois que c’est ainsi que l’auteur a eu l’idée de faire rentrer en Suisse et ensemble ses quatre personnages principaux, de confier à Heinrika et Fernando la délicate mission de relier le jardin du sud, celui dans lequel est né Fernando, avec les jardins de la ville de Mathilde, de faire en sorte que Gaspard rencontre ce jeune ramoneur qui était venu en curieux sous le chapiteau bleu et de donner encore plus de raisons à Mathilde de rameuter à petite échelle pour révolutionner à plus grande échelle.
Voilà, c’est tout ce que je peux dire, car je ne prends jamais de note, je ne sais pas si je vous l’ai déjà dit. »

Celui qui prend des notes est navré mais vous dit quand même à très vite, à l’année prochaine!

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