Quartiers d’hiver – où l’on apprend à vivre ensemble sur la paille
Dans la ville et dans le bourg, on a pris ses quartiers d’hiver. Les chapiteaux, le bleu dans la ville, le rouge et blanc dans le bourg, ont été transformés en crèches dès la venue du froid, tardive heureusement. On a relevé la partie de la bâche entre le bas du toit et le sol pour élargir l’espace – ce qui fait ressembler les chapiteaux à de drôles de parapluies ou à des toupies qui feraient le poirier, à moins que ce ne soient de grandes danseuses virevoltant; on a installé des pavillons de jardin tout autour des poiriers, comme de petites alcôves fermées de trois côtés mais ouvertes côté tronc; le sol des pavillons est garni de brassées de paille et on a doublé les parties fermées de paille en bottes jusqu’à mi-hauteur, afin de bien isoler du froid.
Aux heures de repas, on entre peu à peu; les files sont patientes et dignes malgré les estomacs qui tiraillent. On est servi au centre du chapiteau, là où l’on cuisine – fours à bois, casseroles sur des cuisinières romaines – puis on se rend dans les pavillons-réfectoires où des tables sont installées, à bonne distance les unes des autres. Le soir, après le souper et la veillée – musique, lectures à voix haute, jeux, discussions – on plie tables et bancs pour installer des lits de camp, les pavillons deviennent des crèches.
Les matins de marché, les pavillons sont les stands. Les dimanches et jours de fête les chapiteaux sont plus animés, on garde ses distances mais on se réconforte, jeux, goûters, concerts et cinématographe.
Dans les crèches du bourg et de la ville on prépare des lendemains meilleurs, on travaille à dissiper la nuit.
A demain.