Pas de grève mais des changements – où l’expression démocratie participative reprend des couleurs
Il n’y eut pas de grève de l’impôt dans la ville de Mathilde, la ville du chapiteau bleu, le chapiteau devenu forum. L’initiative avait suffi à lancer de véritables changements. Non seulement son succès – cinq mille signatures, un fort taux de participation et septante pourcents des voix – balaya le plan de quartier mais il décima la Municipalité, une sorte d’exécution de l’Exécutif. Le syndic ne se mit finalement pas à l’eau minérale et démissionna; les deux autres mâles du collège l’imitèrent, penauds. Quant aux quatre femmes, seules deux restèrent dans la danse. Les deux premières avaient réussi à faire illusion un temps, entre l’arrivée des Yéniches une belle nuit de décembre et la votation qui eut lieu juste avant la pandémie. Pendant la campagne elle craquèrent et durent avouer leurs liens et leurs intérêts communs avec les urbanistes-bétonneurs-investisseurs, aussi, au lendemain du fiasco, emboîtèrent-elles le pas du syndic sans bulle et des deux mâles penauds. Les deux dernières furent portées en triomphe et eurent la lourde responsabilité d’organiser des élections et d’assurer la transition du pouvoir en plein début de pandémie.
La pression fut grande sur les femmes de l’association Vivre ici pour qu’elles se portent candidates, mais elles furent très claires, en politique cela fait des décennies qu’on mélange tout, pouvoir, intérêts personnels, copinages, et caetera, et caetera, eh bien ce sera sans nous! Nous allons continuer à agir sur le terrain où, avec la pandémie, il y a plus que jamais besoin de citoyens désintéressés pour des actions concrètes. De nombreux bénévoles du terrain tinrent le même discours, il fallut donc chercher des candidat.e.s. Mais avant de lancer la recherche, il y eut un vaste débat sous le chapiteau bleu dont il sortit ceci : préférence serait donnée à des candidat.e.s hors-parti – ces machines à fabriquer des Egos – et à des gens qui étaient prêts à renoncer aux échelles supra communale, marre de ces député.e.s qui ne sont jamais là, marre de celles et ceux qui considèrent la commune comme une rampe de lancement pour le Chef-Lieu ou la Kapital!
Les deux municipales « sortantes » furent brillamment réélues – n’étant pas démissionnaires elles auraient pu se passer du suffrage mais elles souhaitèrent être confirmées par les citoyens. Avec elles, cinq nouvelles furent élues, donc sept femmes au total; de là à en déduire que les hommes étaient incapables de distinguer le bien commun des intérêts personnels, de là à en conclure que les hommes briguaient tous de plus hautes sphères, de là à penser que les votant.e.s étaient tous.tes éclairé.e.s, et caetera, et caetera, il n’y aurait qu’un pas, que nous ne franchirons pas, pour l’instant.
A demain.