Changer, chuter ? – où l’on se pose enfin les bonnes questions
4 à quatre, il monte les marches. Il ne sait plus si son bureau est un refuge ou une cellule. Peu importe. Perché au sommet de l’Hôtel de ville, il se demande comment en sortir, par le haut ou par le bas ?
Le bas, il connaît bien.
Rester, attendre, espérer. Mais quoi exactement ? Un génie sort d’une bouteille, un de celles qu’il débouche à intervalles réguliers, et lui demande de faire trois voeux ? Mais quels voeux est-il encore capable de formuler ? Retrouver le métier qu’il avait avant, celui qu’il n’aurait jamais dû quitter et le faire mieux ? N’entrer à aucun prix en politique, ce cul-de-sac écoeurant qui ne débouche que sur des bouteilles à intervalles réguliers ? Retourner dans un ventre et bien réfléchir avant de s’en laisser expulser ?
Le haut, il ne connaît pas. Il essaie d’imaginer.
Démissionner, reconnaître qu’il a fait son temps et même qu’il s’est trompé, qu’il aimerait bien réparer un peu en se mettant au service de la communauté, bénévolement, mais sans responsabilité, juste faire les choses qu’on lui demanderait.
Se représenter, être brillamment réélu grâce à un nouveau programme, du jamais vu, changer, être aimé, reconnu, boire de l’eau minérale.
Non, l’eau minérale il ne peut pas l’imaginer.
Alors quoi, atteindre le bas par le haut, ouvrir la fenêtre de son bureau, grimper sur le toit et sauter ?
Dans la ville de Mathilde – la ville dont le syndique ne pétillera jamais –, l’initiative a obtenu cinq mille signatures valables dans le délai imparti, le vote a eu lieu, le plan de quartier a été balayé par septante pourcents des voix, la Place du Cirque est devenue forum et l’avenir qu’on y dessine ignore le béton.