Yggdrasil cycle 3, sur un arbre perché
Épisode 36
Préparatifs
– Ah, comment moi sur un toit?! Oh, et avec toi?! C’est pas vrai, pour raconter des histoires?! Oh mon Dieu, mais je ne serai jamais à la hauteur des cheminées!
Voilà exactement ce qu’avait voulu dire Astrid à la fin de l’épisode qui précède celui-ci et Alcide l’avait bien compris, sans doute comme la lectrice, quand au lecteur, sans doute que… mais passons.
Alcide mit donc Astrid en confiance, une femme comme toi enfin, bercée toute son enfance aux histoires d’Astrid Lindgren et de Selma Lagerlöf, et sans doute par bien d’autres encore, tu as tout cela en toi Astrid, il te suffit de le faire ressortir, essayons, mes soeurs et frères seront notre public, commençons. Mais Mirabelle – on se souvient que la scène se déroule au pied de la soeur avec laquelle Alcide a le plus d’affinités – se met à bouger une branche en direction du fond du verger, au fond à gauche pour être précis, l’air de dire à son frère humain que c’est là-bas au fond que se trouve le meilleur juge, le plus impitoyable mais le meilleur; et Mirabelle de jurer qu’elle n’avertira pas leur frère Coing, le grincheux de la bande, par un message de racines à racines, et d’agiter ses feuilles de plus belle, l’air de dire emmène Astrid à Coing, qu’elle le surprenne, son verdict sera le bon; et Alcide d’emmener Astrid au pied de Coing, au fond à gauche du verger familial.
Coing était un des derniers nés de la fratrie, on le chouchoutait, pourtant il peinait à accepter d’être le dernier du verger à avoir des fruits murs, en général assez tard dans l’automne, Coing était du genre tardif, plutôt lent, mais si doux. Chaque fois qu’on lui disait quelque chose, il commençait par bougonner, par criailler comme une corneille, ces oiseaux qu’il aimait accueillir dans ses branches. Plus tard il y aurait dans la fratrie les jumeaux Kiwi, ce qui aiderait Coing à accepter son destin… mais passons. Pour l’instant Coing voit son frère approcher avec une femme et se met à trembler de toutes ses branches ce qui ne contribue pas à rassurer Astrid qui se met elle aussi à trembler, comme au diapason. Alcide lui, l’éternel et joyeux optimiste se dit que ce tremblement de conserve – ou de concert, comme on voudra – ne peut être que de bonne augure. Mais ça on le saura seulement demain, avec l’histoire qui s’ébauche en remontant du fin fond de l’enfance d’Astrid, l’histoire du chat, de l’île et de la tempête de décembre.
Que la nuit vous soit douce en attendant l’épisode 37.