Plus que 365 jours… (288/365)

Noir comme décembre
PLACE DU CIRQUE

Un terrain sans plan – fond et forme – mais pas tout à fait vague, coincé entre un centre pas tout à fait ville et une artère très peu urbaine, parce qu’elle bruite nuit et jour. Le décor est planté.

N’entretenez rien, laissez pourrir la situation, parlez d’amiante, convoquez les trax, cassez quelques immeubles, laissez tomber les autres, alors les herbes folles finiront par faire place à un plan de quartier, un plan tout vert que le plus grand nombre approuvera, il se trouve si peu de gens pour défendre la mauvaise herbe, qui n’a souvent de mauvaise que le nom.

Ou alors.

Emparez-vous de cet espace flou, délimitez-le avec des caravanes et les gens qui vont avec, plantez-y un chapiteau, avec un feu dessous, alors les mauvaises graines deviendront des citoyens incontournables, des citoyens qu’on écoute, la friche deviendra place, la place deviendra forum.

Le chapiteau bleu n’est pas déjà monté qu’on s’y retrouve pour faire l’école buissonnière, la pâte n’a pas déjà levé qu’on allume un four à roulettes pour y cuir du pain.
Dans la ville de Mathilde une nouvelle place est née; ses usagers, grands et petits, l’appellent déjà Place du Cirque.

Plus que 365 jours… (287/365)

Noir comme décembre
ZOOM SUR W. (mot et lettre comptent triple)

Au début du conseil de guerre, Klara n’est pas encore arrivée; on se souvient que c’est à elle qu’on a confié le soin de rapporter Aux Yeux Fertiles le Livre de décembre et on a des questions logistiques à lui posertout le monde est donc surpris de voir arriver un inconnu Aux Yeux Fertiles, le Livre de décembre sous le bras.
– Bonjour à toutes, bonjour à tous, je suis W., le W. du Livre de décembre, mais appelez-moi Walter. Klara arrive dans un moment, mais elle doit d’abord régler des choses importantes avant de nous rejoindre, des choses en lien avec des gens du voyage arrivés cette nuit; elle m’a confié le Livre de décembre, m’a dit de vous rejoindre et de vous lire ce qu’elle lisait par-dessus mon épaule tandis que j’écrivais…
Silence stupéfait. Walter ouvre le Livre de décembre et se met à lire:
Je m’appelle Walter, je sors de l’anonymat car je veux participer à ce que vous faites, je crois que j’ai quelque chose à vous apporter, quelque chose qui peut transformer les discussions théoriques sur les friches de notre ville en véritable combat, un combat concret que nous devons mener dès maintenant contre les technocrates incultes. Cette nuit, de ma fenêtre, j’ai assisté à l’arrivée de gens du voyage, les plaques minéralogiques de leurs véhicules sont suisses, je pense que ce sont des Yéniches. Je crains que les autorités ne les expulsent, comme d’habitude. Il faut agir, et vite! Je peux vous aider si vous êtes prêts à agir, je passerai vous en parler Aux Yeux Fertiles; tout à l’heure je n’ai pas osé prendre la parole, il y avait trop de monde, W.
Walter ferme le livre et enchaîne:
– Il y a peu de temps encore, j’étais garagiste non loin d’ici; je viens d’être exproprié par l’Etat à cause d’un projet d’urbanisme sans queue ni tête, mais j’ai encore les clés de mon garage pour quelques semaines. Au fil des années, j’y ai entreposé toutes sortes de choses et je n’ai pas encore tout débarrassé; il me reste quelques trésors dont un petit chapiteau racheté à un cirque en faillite. Je pense qu’il est grand temps de donner une seconde vie à cette tente, qu’en pensez-vous?

Plus que 365 jours… (286/365)

Noir comme décembre
GUERRE ÉCLAIR

La neige s’est remise à tomber, pour le plus grand bonheur des innocents et le plus grand malheur des conducteurs de 4✕4 – flûte, avec toute cette purée qui fait splatsch sur les routes, va falloir passer au tunnel de lavage, et on a encore tous les cadeaux à faire, une fois de plus, Noël tombe beaucoup trop tôt.

La temps est clairement du côté des Yéniches, difficile en effet d’expulser des familles sous la neige; il n’empêche qu’Aux Yeux Fertiles, où l’on tient conseil de guerre, on a bien conscience que la météo ne va pas suffire à pérenniser le campement, alors on se fait stratège.
Il serait passionnant d’entrer dans le feu de la discussion, de connaître en détails toutes les idées exposées, bonnes ou mauvaises, de connaître leur genèse (chap. I, ver. 1 à 5), la généalogie de leurs auteurs, mais on s’en tiendra au PV décisionnel, car le temps presse et, une fois de plus, Noël tombe beaucoup trop tôt.

Noël, c’est ici et maintenant!, séance de crise I, PV décisionnel
Jeudi 12 décembre 2019 Aux Yeux Fertiles, la séance débute à 10h15 et se termine à 11h35.
Personnes présentes (durant toute ou une partie de la séance – il y a du va-et-vient, car c’est une séance de crise…) :
Marguerite, Paola, Rose, Mathilde, Mariella, Klara, Françoise, Jenna, Denis, W. (il s’appelle Walter et on l’a enfin trouvé; en fait c’est lui qui est venu!), Robert, Pierre, Fernando.

Décision I
L’opération Avant l’aube et après le crépuscule : Lumières de décembre est rebaptisée Noël, c’est ici et maintenant!le Livre de Décembre garde son nom et sa fonction mais reçoit un sous titre: chronique de la ZAD* de la Savonnerie.
*Zone à défendre

Décision II
La ZAD de la Savonnerie devient le lieu unique de l’opération Noël, c’est ici et maintenant! dès la fin de la réunion. Aux Yeux Fertiles est fermé jusqu’à nouvel ordre, toutes les activités qui y ont lieu habituellement sont transférées à la ZADlaS.*
*Zone à défendre  la Savonnerie

Décision III
Marguerite, Paola et Pierre réorganisent toute la communication: informer les personnes qui devaient accueillir un événement chez elles, rédaction d’un communiqué de presse, distribution d’un nouveau papillon, mise à jour des informations dans la vitrine Aux Yeux Fertiles.

Décision IV
Rose, Mathilde, Klara, Françoise et Jenna s’activent pour trouver de nouveaux soutiens (humains, logistiques, etc.) pour assurer le fonctionnement 24/24 de la ZADlaS.

Décision V
Robert et Giuseppe s’occupent de trouver un four à pain mobile, de la farine et du bois en suffisance ainsi qu’une équipe expérimentée pour assurer la production de pain à la ZADlaS au plus vite. Il s’agit d’ouvrir la boulangerie de campagne au public dès samedi matin, 14 décembre, jour de marché.

Décision VI
Walter, Fernando, Denis et les hommes Yéniches – Léonard, Adolph, Julius et Herbert – montent le chapiteau à la ZADlaS, cachent dans le garage-entrepôt de Walter les véhicules qui tractent les caravanes et réorganisent le campement.

Décision VII
Tout ce qui précède est fait le plus rapidement possible, de façon efficace et visible, il s’agit d’attirer l’attention, d’amener un maximum de personnes au campement, les badauds constituant un excellent remparts contre les forces de l’ordre.

Décision VIII
Mathilde et Mariella coordonnent toutes les opérations.

Décision IX
La prochaine séance de crise a lieu ce soir à 17h à la ZADlaS, avec ou sans chapiteau.

Plus que 365 jours… (285/365)

Noir comme décembre
PIED DE NEZ

Tandis qu’on tient conseil de guerre Aux Yeux Fertiles,  monsieur le directeur – qui préfère les minuscules – montre aux élèves de mademoiselle Agathe – qui est très partagée entre minuscules et majuscules – et aux enfants Yéniches, la meilleure technique pour fabriquer des bonshommes de neige; il s’agit d’en faire beaucoup, et le plus vite possible, alors mademoiselle Agathe et sa stagiaire, qui s’appelle Blanche, mettent la main à la neige, de même que les Yéniches adultes, sans oublier Rose, Robert, Fernando et Giuseppe.
monsieur le directeur est arrivé en pleine bataille de boules de neige, sous l’oeil médusé des adultes. Il a foncé droit sur eux, les adultes, et leur a dit:
– Ne m’expliquez rien, j’ai tout compris, les rues sont truffées de voitures banalisées, j’ai compté au moins 15 agents. Pas une minute à perdre, faisons des bonshommes de neige en guise de sentinelles, ils n’oseront pas s’attaquer à nous, on ne déloge pas des gamins innocents. Rassemblez les enfants, mademoiselle Agathe, je vais montrer une méthode rapide, à l’armée, j’étais dans les troupes de montagne.
Et les voilà en train de façonner une escouade de soldats et leurs munitions, en neige bien tassée, bien dure. Pour le nez, Rose ramène des carottes bio du bistrot-épicerie et de quoi manger, car l’heure de la récré a sonné.
Le campement est maintenant paré en cas d’attaque, les enfants se régalent et se chauffent autour de grands braseros, les adultes font le point.
– mademoiselle Agathe, jusqu’à midi vous êtes de garde ici avec vos élèves et Blanche, cet après-midi j’enverrai une autre classe, aujourd’hui, classe de neige et si les agents touchent à un cheveu des enfants…
– … ils verront ce qu’ils verront! s’écrie Rose.
– Ma parole, on est tombé au paradis, s’exclame Mariella, d’habitude on nous jette des pierres et là on nous aide à faire des boules de neige, c’est le monde à l’envers!
– monsieur le directeur, je ne vous reconnais pas, c’est comme ça que vous me grondez pour avoir laissé échapper les enfants en rentrant de la bibliothèque? demande mademoiselle Agathe.
– Que voulez-vous, les temps changent, il y a urgence; et malgré votre pédagogie un peu soixante-huitarde, vous êtes la meilleure maîtresse de mon école, prenez-en de la graine, Blanche, et je vous engage l’année prochaine pour remplacer mademoiselle Agathe qui part en retraite, une retraite bien méritée.
mademoiselle Agathe rougit et Blanche dit:
– Merci, monsieur le directeur, mais permettez-moi de vous poser une question, êtes-vous en train de dire qu’il faut faire des pieds de nez à l’autorité, vous le directeur d’école?
– Quelle autorité? celle qui s’apprête à chasser des gens qui revendiquent un autre mode de vie? des nomades de chez nous qui travaillent, paient leurs impôts, scolarisent leurs enfants et accomplissent tous leurs devoirs? Je vous le dis, Blanche, je vous le dis mes amis, ces agents sont le bras armé d’autorités incultes, comme directeur d’école, je suis du côté de la culture, alors j’ordonne que les enfants de mon école aient classe de neige et classe de Yéniche jusqu’aux vacances de Noël!
– Bienvenue au campement, monsieur le directeur, à vous, vos élèves et vos maîtres, dit Mariella très émue.

Tout le monde est très impressionné par la prestation du Directeur et les hommes se demandent même, in petto, s’il n’était pas un peu colonel, dans les troupes de montagnes, le directeur.

Plus que 365 jours… (284/365)

Noir comme décembre
EFFET BOULE DE NEIGE

– M. le Directeur, la gendarmerie au téléphone!
– Passez-la moi, Laurence, merci.
– Allo?
– Monsieur le Directeur?
– Lui-même. A qui ai-je l’honneur?
– Agent 15, gendarmerie vaudoise.
– Agent 15, comme dans Quick et Flupke?
– … ?
– Peu importe, je vous écoute Agent 15.
– Etes-vous au courant, Monsieur le Directeur, que des gamins de votre école font, au moment où je vous parle, une bataille de boules de neige au milieu d’un campement de romanichels?
– Bien entendu, Agent 15, il s’agit d’un nouveau programme: La pédagogie par l’exemple et ses effets boules de neige, vous n’en avez pas entendu parler?
– … ?
– Je vous laisse Agent 15, un autre appel sur la deuxième ligne, une histoire de bonhomme de neige qui aurait perdu son nez, une affaire urgente me dit ma secrétaire.
– … ?
– bip, bip, bip, (et caetera, et caetera).

– Laurence, je sors un moment, je crois que M’zelle Agathe et sa nouvelle stagiaire  font encore l’école buissonnière.
– Très bien, Monsieur le Directeur, mais n’oubliez pas votre bonnet, vos gants et votre cache-nez!
– A vos ordres, Laurence! Je vous confie la boutique.
– A vos ordres, Monsieur le Directeur! Je garde la baraque, rompez!
Sourires complices.

Mi-décembre (bis)

Dans une petite demi-heure il sera midi, donc mi-décembre.
Alors bonne mi-décembre, et tout ce qui suit! Et bon appétit, bien sûr!

Quelqu’un, sans doute la même personne que le 13 décembre, demande:
– Est-ce vrai que décembre se prolonge parfois au-delà du 31?
Devant tant d’insistance, la rédaction qui n’en peut plus – d’autant que la personne qui répète la question a aussi la bouche pleine – lâche:
– On verra!

– Alors on va voir ce qu’on va voir! dit Rose à elle-même. (in petto)

 

Plus que 365 jours… (283/365)

Noir comme décembre
LE RÉVEIL

Elles ne sont pas les premières à fouler le sol du campement, des traces toutes fraîches partent de quatre des caravanes et se dirigent vers la cinquième. Elles n’ont pas besoin de frapper, la porte s’ouvre – entrez, soyez les bienvenues Mesdames.
– Bienvenue dans notre ville ! répond Mathilde.
– Bienvenue dans notre ville ! reprennent en choeur Marguerite, Paola et Rose.

Dans la caravane, quatre couples à l’heure du café et une femme, celle qui a ouvert la porte. On se serre autour de la table, on tend des tasses brûlantes aux nouvelles arrivées.
– Je suis Mariella. Nous sommes arrivés cette nuit, neuf adultes et dix enfants, nous sommes des Yéniches d’ici, las d’être refoulés de partout, alors nous sommes venus au coeur de cette ville, notre ville d’une certaine manière: des petits cousins à nous ont fondé la savonnerie qui était ici, le terrain sur lequel nous campons leur appartenait.
Les Yéniches se présentent et disent les prénoms de leurs enfants qui dorment encore dans les caravanes. Les femmes se présentent, parlent de l’association Vivre ici, parlent des Lumières de décembre, parlent du bistrot-épicerie, se font l’écho des propos qu’on y a échangés tout à l’heure autour du petit-déjeuner.
– Ainsi vous avez des forces pour nous aider? demande Mariella.
Les quatre femmes répondent en choeur, leur oui ressemble à un cri de guerre.
– Moins fort! dit un homme, on a repéré une voiture banalisée d’où il semble qu’on nous surveille.
– Qu’ils y viennent, on leur fera pire qu’au marché de Brive-la-Gaillarde! s’écrie Rose, puis elle entonne la chanson de Brassens.
– Du calme, Rose, du calme, tempère Mathilde, ne confondons pas force et violence, précipitation et réflexion; voici ce que je propose: Rose, tu vas chercher les hommes, on se retrouve ici; Marguerite et Paola, foncez Aux Yeux Fertiles et battez le rappel des troupes, réunion de crise là-bas à dix heures.
Douze paires de mains applaudissent à tout rompre, on entend même des hourras, mais personne ne dit – moins fort! A travers la fenêtre, Rose fusille du regard la voiture banalisée.
– C’est le ciel qui vous envoie! exulte Mariella.
– Non Mariella, je crois que c’est exactement l’inverse, répond Mathilde, c’est le ciel qui vous a envoyé pour voir si nous savons encore ce que la fête de Noël signifie!
– Et on va voir ce qu’on va voir! s’écrie Rose en se levant pour aller chercher les hommes.

Plus que 365 jours… (282/365)

Noir comme décembre – XII bis*

Quoi d’autre de commun entre Bagnoles City et la petite ville de Mathilde? Des habitants. Des habitants qui veulent reprendre l’avenir en mains, leur avenir.

« La ville c’est nous! »
Telle pourrait être la conclusion de ce moment d’avant l’aube en train de se terminer, ce moment durant lequel on s’est réchauffé, les uns contre les autres – il y a eu foule ce matin, une foule venue du froid, il a neigé cette nuit. On s’est aussi échauffé, pas les uns contre les autres, mais contre ceux qui veulent liquider la friche, raser, reconstruire, la ville soi-disant pour tous, alors ce sont les autorités qui en ont pris pour leur grade. Il y a eu tout de même débat entre les présents, comment garder la friche: débat, pétition, réflexion? actions, occupation, désobéissance civile? Et comment utiliser ces parcelles dans la durée: jardins, place publique, marché couvert, forum?
On se sépare sur ces questions, l’aube approche et chacun a du travail qui l’attend. Il se trouve assez de gens pour ranger, alors Mathilde, Marguerite et Paola s’en vont en disant à Klara, la patronne du bistrot-épicerie, qu’elles sentent une urgence dehors – retrouve-nous Aux Yeux Fertiles en milieu de matinée, si tu peux, nous ferons le point, et n’oublie pas le Livre de décembre.
Rose leur emboîte le pas, elle sent qu’on va avoir besoin de beaucoup de force.

*On pourrait aussi dire XI ter, du coup le XII serait en fait XI bis, mais on s’en moque comme on se moque des détails, ces petits éléments qui peuvent cacher l’essentiel; ne sentez-vous pas que quelque chose change, quelque chose qui n’est justement pas un détail?

Plus que 365 jours… (281/365)

Noir comme décembre – XII

Chacune a emprunté un chemin différent pour se rendre au bistrot-épicerie, pourtant toutes les trois ont vu le campement endormi; elles en parleront plus tard, se disent-elles en aidant à préparer le petit-déjeuner qui va se tenir tout à l’heure ici, dans cette ancienne menuiserie réinvestie depuis quelques mois par un couple qui met son grain de sel dans la ville en mutation, du bon sel, se disent Mathilde, Marguerite et Paola en préparant les oeufs brouillés.
Mi-décembre approche et les Lumières de ce mois noir ont de plus en plus de succès; il y a foule ce matin avant l’aube, qui s’annonce incertaine; le lieu s’est déjà fait une jolie réputation grâce au meilleur réseau du monde, le bouche à oreille; mais il y aussi ces comédiens qui se lèvent tôt pour égayer ces moments d’avant l’aube, comme l’autre jour à la gare. Ce matin ils vont lire à trois voix des textes écrits par des habitants de Detroit, ville sinistrée par l’effondrement de l’industrie automobile nord-américaine; dans ces textes il est question d’agriculture urbaine, de jardins, de SELs – systèmes d’échanges locaux –, en deux mots de ville résiliente. Quoi de commun entre Detroit et la petite ville de Mathilde? Les friches. Ici aussi l’industrie est partie, mais peu à peu, au gré du manque de place pour les camions, au gré des faillites, des rachats et de la globalisation. Certains bâtiments ont été réinvestis, d’autres attendent les trax tandis que des terrains en jachère attendent la mise à l’enquête et le permis de construire. Et les dernières friches font débat dans la ville de Mathilde, en particulier celle sur laquelle a lieu le petit déjeuner de ce jour qui va bientôt se lever. Raser, reconstruire sur cette parcelle et les parcelles attenantes, y compris celle sur laquelle cinq véhicules tirant cinq caravanes sont arrivés cette nuit?
On mange, on écoute les comédiens, on boit du chaud, on discute, le débat est nourri, on s’échauffe, mais personne n’évoque le campement qui dort à un jet de pierre. Une chose après l’autre, surtout que le jour n’est même pas levé.

 

Mi-décembre

D’aucuns pensent que mi-décembre tombe le 13, à midi; c’est faux!

La rédaction tenait à réaffirmer que décembre se termine le 31, ce qui nous laisse encore dix-huit jours et demi, qu’on se le dise! Et bon appétit, bien sûr!

– Est-ce vrai, demande quelqu’un, la bouche pleine, que décembre se prolonge parfois au-delà?

La rédaction se tait.