Plus que 365 jours… (262/365)

Novembre est une fleur flammes – XXIII

– Partons des mots que tu aimes.
– En suivant l’alphabet?
– Non, en suivant tes souvenirs.
D’un côté de la table on réfléchit, de l’autre on attend, crayon à la main. De part et d’autre il y a beaucoup de patience. Celui qui réfléchit a aussi un cahier ouvert devant lui, et un crayon posé à côté. Les mots ne viennent pas, pourtant il saisit le crayon. L’autre lui dit:
– En te voyant le crayon à la main, rien n’indique que tu ne sais pas écrire.
Il ne répond rien, regarde sa main, regarde le crayon, ne le lâche pas des yeux, réfléchit, réfléchit encore et se met à dessiner:
– Depuis tout petit j’aime grimper aux arbres, trouver mon chemin dans leurs branches. Je commençais par m’asseoir au pied d’un arbre et je le dessinais; ensuite je regardais l’arbre, je regardais le dessin de l’arbre, je traçais un chemin dans ses branches, sur la feuille, et j’essayais le chemin dans l’arbre.
L’autre écoute et note des mots, l’un sous l’autre – comme un arbre qui commencerait par le sommet – tandis qu’il continue à parler et à dessiner. Au bout d’un instant, il se tait, pose son crayon, regarde l’autre et lui demande:
– Quels mots as-tu écrits?
L’autre dit:

main
crayon
bois
dessiner
grimper
arbre
branches
tracer
chemin
feuilles
mât

Il sourit et répète les mots qu’il a entendus, mais en commençant par le dernier:

mât
feuilles
chemin
tracer
branches
arbre
grimper
dessiner
bois
crayon
main

– Tu as compris que je suis devenu marin parce que j’aimais grimper aux arbres.