Novembre est une fleur flammes – XVI
Le second fragment (A2) est tiré d’un cahier qui se trouve dans un tiroir Aux Yeux Fertiles. Ce cahier appartient à Pierre, il le range dans le petit bureau qui se trouve dans le coin le plus intime de l’ancienne librairie en train de s’enrichir de nouveaux coins.
Côté rue, on aperçoit par la première vitrine un métier à tisser au milieu d’un espace qui semble être un atelier en cours d’installation. Par la seconde vitrine on aperçoit un coin bisrot, quelques tables et des chaises. Entre les deux vitrines se trouve une porte qui permet d’accéder à ces deux espaces depuis la rue. Le coin bistrot est le plus éclairé du lieu, grâce à une troisième vitrine qui fait angle droit avec la seconde; dans cet angle on trouve une seconde porte, côté placette. Par la quatrième vitrine, qui prolonge la troisième, on aperçoit le coin librairie; beaucoup moins de livres qu’avant, beaucoup moins de sujets, mais un choix pointu de références dans quelques domaines en lien avec l’association Vivre ici. Au bout de la quatrième vitrine il y a une porte, la troisième, qui donne directement accès aux livres depuis la placette. Le coin des livres est une sorte de carré dont les quatre côtés sont de nature différente: un bar en bois – qui sépare les livres et les tables –, une vitrine, un mur, une rangée de bibliothèques collées les unes aux autres, sauf deux qui sont écartées d’un mètre environ, ménageant un passage vers le coin le plus intime du lieu, un coin borgne, avec tapis, lampes, canapés, fauteuils et deux chaises autour d’un petit bureau. C’est dans ce coin que Pierre recueille des récits de vie.
On a beau inventer des protocoles rigoureux, il en sort toujours quelque chose d’imprévu; les ateliers cuisine et migration ont débuté en août, et déjà ils ont fait des petits; pour différentes raisons, plusieurs personnes ont demandé à Pierre de recueillir des épisodes de leur vie: il y a celles et ceux qui ne veulent parler qu’entre quatre yeux, ou qui ne cuisinent pas, ou qui ne sont pas liés à la migration, et caetera, et caetera. Alors on a créé ce lieu intime, cet sorte de salon-boudoir dans lequel Pierre officie comme écrivain public et accoucheur d’histoires, Pierre et Marguerite, devrait-on dire, pour s’approcher au plus près de la vérité.
Le premier fragment (A1) est tiré d’un cahier qui vogue sur le Rhin, avec un bateau.