Plus que 365 jours… (266/365)

Novembre est une fleur flammes – XXVII

Un petit soleil de novembre a été leur allié ce matin, la foule était au rendez-vous, sur la place et dans les rues adjacentes; « les gens du dixième » ont sillonné ces espaces par groupes de deux, un porteur de hotte remplie de mini foccaccia, un distributeur de papillons. Tout est parti comme des petits pains, les foccacia n’ont pas fait long feu et les papillons ont été retournés plusieurs fois avant d’entrer dans les poches. Au recto, un plan de la ville, cette petite ville de banlieue réchauffée par le dernier soleil de novembre en ce jour de marché, au verso, des dates et des chiffres qui renvoient au plan, avec chaque fois une adresse, un horaire ainsi qu’un descriptif du lieu et de la proposition faite.
Un rapide bilan de l’opération du matin a lieu Aux Yeux Fertiles; on comptait boire un verre en se partageant les derniers pains parfumés, mais il n’en reste aucun, la conclusion est claire; alors, à défaut de pain, on partage la joie et on se dit  qu’on mangera plus en décembre!
Si la pluie, la neige, le vent et le froid se font leurs alliés, les lieux de décembre se rempliront aussi vite que les hottes au romarin se sont vidées.

Plus que 365 jours… (265/365)

Novembre est une fleur flammes – XXVI

Soirée à guichet fermé chez Mathilde; on aurait été plus à l’aise Aux Yeux Fertiles, mais il n’y a pas de four à pain, ce qui n’aide pas pour une soirée pizza; et chez Mathilde il y a autre chose qu’il n’y a pas à la librairie-café-atelier, quelque chose qui est lié à la taille de l’espace, à sa configuration, à l’absence de vitrines, à la présence de carreaux aux fenêtres.
C’est dans cette intimité qu’on a rassemblé une trentaine de personnes, des humains triés sur le volet, ceux qu’on appelle pour l’instant « les gens du dixième », ce qui n’est pas très clair, il est vrai.
Autour de Robert et de Rose, une petite équipe à l’épreuve du froid et de la pluie a passé la fin d’après-midi à pétrir, à saucer, à couper, à hacher, à allumer, à entretenir, à étaler, à recouvrir, à enfourner, à défourner, à faire refroidir, à tenir au chaud, à aller et venir, et caetera, et caetera.
Et maintenant, serrés dans le grand séjour de chez Mathilde, on passe en revue les derniers détails pour l’opération du lendemain; chacun précise son poste, chacun répète son rôle. Il y a aussi des questions pour le surlendemain et les jours suivants, pour tout ce noir qui arrive à grands pas, alors on précise aussi, et on répète. Au milieu de ces précisions et de ces répétitions sur le noir qui approche il y a des blancs, des silences, c’est que les bouches sont pleines, pleines de foccacia au romarin et de jambon de Parme et que dans les gosiers ruisselle du Moscato d’Asti. Lorsque tout est clair à propos du noir, les bouteilles piémontaises sont vides et les plats ratiboisés, alors on passe au vin rouge de Calabre et les pizza entrent dans la maison comme par enchantement. Repas joyeux, dolci, caffè, grappa et tutti et tutti.
Dix heures sonnent quand Mathilde décrète le couvre-feu – c’est vrai que demain il faudra être d’attaque, disent les convives en quittant la maison par petits groupes. Seul Fernando fait la sourde oreille et se jette avec passion dans la vaisselle – une rôle de composition – mais Mathilde n’est pas dupe et le met à la porte avec toute la douceur du monde; elle aime passer en revue les images de ses journées en remettant de l’ordre dans sa maison.
– Demain soir, si tu veux, je gratterai à ta porte.

Plus que 365 jours… (264/365)

Novembre est une fleur flammes – XXV

Tandis qu’un train fonce vers Lisbonne avec une infinité de gens à son bord, un bateau glisse vers Amsterdam. Tandis que Linda refait ses lettres, Fredo s’alphabétise et Pablo se livre.

C’est l’histoire de sa famille que la capitaine dépose par bribes dans un cahier, aidé par ses apprentis marins d’eau douce qui se relaient pour l’écouter. Fragment après fragment il s’allège, se libère, s’adoucit enfin. Il ne crie plus sur Fredo, il ne crie plus sur personne, il se maîtrise, trace un nouveau chemin, sans oublier d’où il vient. Pour être sûr de ne pas oublier d’où il vient, il donne la parole à sa famille, ce n’est pas lui qui parle, mais eux, ils disent je, on, nous, Pablo ne veut pas être le narrateur, il veut restituer l’histoire telle qu’on lui l’a racontée, maintes et maintes fois.

Fragment A1 (suite)
Il n’était pas question pour moi de regagner l’Andalousie, j’aurais fini en prison, alors je suis resté dans la brise, la peur au ventre,  ne pas céder au mal du pays. C’est ta grand-mère qui m’a guéri de ce mal, bien avant qu’elle devienne ta grand-mère; elle avait aussi mal à son pays – qui s’appelait pourtant L’Ajoie – mais d’une autre manière que moi. Sa mère est morte en la mettant au monde, ce que son père et ses frères ne lui ont jamais pardonné. Lorsqu’elle ne travaillait pas à l’atelier – j’avais trouvé un emploi dans un atelier d’horlogerie, c’est là qu’on s’est connu – elle devait faire tourner la maison familiale, seule femme au milieu d’un clan d’hommes, son père et ses trois frères restés célibataires, des gars tellement rustres qu’aucune femme n’en voulait. Seule femme au milieu d’un clan d’hommes qui lui reprochaient chaque jour sa naissance, de mille et mille façons.
Le jour de ses vingt ans elle a plaqué L’Ajoie et m’a emmené avec elle. On est arrivé à Bâle comme deux étrangers, la ville nous a adoptés sans faire d’histoires.

Plus que 365 jours… (263/365)

Novembre est une fleur flammes – XXIV

– J’ai lu ce roman, dit Mathilde, il s’ouvre sur plusieurs citations, dont une de Pessoa tirée du Livre de l’intranquillité:

<< Cada um de nós é vários, é muitos, é uma prolixidade de si mesmos. Por isso aquele que despreza o ambiente não é o mesmo que dele se alegra ou padece. Na vasta colónia do nosso ser há gente de muitas espécies, pensando e sentindo diferentemente. >>

Tout le monde est surpris d’entendre Mathilde parler en portugais, sauf Fernando, qui traduit la citation:

<< Chacun de nous est plusieurs à soi tout seul, est nombreux, est une prolifération de soi-mêmes. C’est pourquoi l’être qui dédaigne l’air ambiant n’est pas le même que celui qui le savoure ou qui en souffre. Il y a des gens d’espèces bien différentes dans la vaste colonie de notre être, qui pensent et sentent différemment. >>

Depuis ce soir-là, après l’heure de fermeture, on voit souvent Aux Yeux Fertiles quatre personnages – donc une infinité – assis autour d’une table comme des joueurs de jass. L’un d’eux lit un roman, en français, à haute et intelligible voix, une voix grave, la seule voix masculine de la table. En face de lui, Linda écoute, de toutes ses oreilles, ce récit qui la ramène au pays; parfois elle fait un signe pour indiquer qu’elle n’a pas compris quelque chose, alors une voix prend le relais, celle de Mathilde qui est assise à côté d’elle, dans la diagonale de Fernando; Mathilde relit la dernière phrase de Fernando, en portugais, car elle tient dans ses mains le même roman que Fernando, mais écrit dans la langue originale. En général le passage par le portugais permet à Linda de comprendre, mais il arrive parfois qu’elle reste perplexe. Alors la quatrième voix, celle de Marguerite, prend le relais et explique à Linda ce qu’elle ne saisit pas bien. Au fil des soirées, on entend de moins en moins les voix féminines, Linda progresse à la vitesse d’un train de nuit qui fonce vers Lisbonne.
Dans ce train il n’y a pas de contrôleur mais un mordomo veille au bien-être des quatre amis – donc une infinité – qui lisent ensemble; discrètement, Pierre remplit les verres et ravitaille les foules entre deux chapitres.

<< Ce jour commença à la manière d’innombrables autres jours, pourtant, après lui, rien ne devait plus être comme avant dans la vie de Raimund Gregorius. >>
[Pascal Mercier, Train de nuit pour Lisbonne]

Plus que 365 jours… (262/365)

Novembre est une fleur flammes – XXIII

– Partons des mots que tu aimes.
– En suivant l’alphabet?
– Non, en suivant tes souvenirs.
D’un côté de la table on réfléchit, de l’autre on attend, crayon à la main. De part et d’autre il y a beaucoup de patience. Celui qui réfléchit a aussi un cahier ouvert devant lui, et un crayon posé à côté. Les mots ne viennent pas, pourtant il saisit le crayon. L’autre lui dit:
– En te voyant le crayon à la main, rien n’indique que tu ne sais pas écrire.
Il ne répond rien, regarde sa main, regarde le crayon, ne le lâche pas des yeux, réfléchit, réfléchit encore et se met à dessiner:
– Depuis tout petit j’aime grimper aux arbres, trouver mon chemin dans leurs branches. Je commençais par m’asseoir au pied d’un arbre et je le dessinais; ensuite je regardais l’arbre, je regardais le dessin de l’arbre, je traçais un chemin dans ses branches, sur la feuille, et j’essayais le chemin dans l’arbre.
L’autre écoute et note des mots, l’un sous l’autre – comme un arbre qui commencerait par le sommet – tandis qu’il continue à parler et à dessiner. Au bout d’un instant, il se tait, pose son crayon, regarde l’autre et lui demande:
– Quels mots as-tu écrits?
L’autre dit:

main
crayon
bois
dessiner
grimper
arbre
branches
tracer
chemin
feuilles
mât

Il sourit et répète les mots qu’il a entendus, mais en commençant par le dernier:

mât
feuilles
chemin
tracer
branches
arbre
grimper
dessiner
bois
crayon
main

– Tu as compris que je suis devenu marin parce que j’aimais grimper aux arbres.

Plus que 365 jours… (261/365)

Novembre est une fleur flammes – XXII

Journal des rives [extrait]
Nous sommes partis de Cologne sur le Popeye il y a deux jours, au crépuscule. Gaspard et moi sommes bouleversés par notre rencontre avec Pablo, notre capitaine et Fredo, son second.
Nous vivons une sorte d’expérience communautaire inédite, à bord chacun doit contribuer à toutes les tâches, alors chacun apprend à chacun. Gaspard et moi sommes en train de devenir marins d’eau douce, rude apprentissage, mais si beau! Pablo apprend à dompter la rage qui l’habite en couchant son histoire sur du papier, aidé par Gaspard et moi; Fredo apprend à lire et à écrire, tour à tour avec Gaspard, Pablo et moi.
Chaque jour qui passe nous rend meilleurs, nous voguons de conserve avec la Terre, tout ça me donne le tournis, je n’avais jamais rêvé de si belle aventure!

Plus que 365 jours… (260/365)

Novembre est une fleur flammes – XXI

sur un morceau de papier…

dormir dehors habillé le petit sac en guise d’oreiller
se lever très tôt
marcher jusqu’à l’autre gare
y jouir du spectacle
monter dans le train
un petit quatre-heures
descendre à lumières
marcher aux muses sans entrer dans musées
monter dans le train train
une grosse sieste
descendre à bidasse
monter dans le train train train
dormir ou pas
se lever très tôt
guetter les étincelles
descendre sans se jeter dans le feu
rester longtemps

Plus que 365 jours… (259/365)

Novembre est une fleur flammes – XX

Les Yeux Fertiles ferment à huit heures mais il est rare que les lumières s’éteignent à cette heure-là, même si aucune soirée thématique n’est prévue.

Ce soir-là, Paola et Fernando assurent le service du bar. Mathilde arrive  peu avant huit heures, au moment où les derniers buveurs s’en vont. Tandis que l’on débarrasse les tables et que l’on entame la vaisselle, Mathilde commence à griller des châtaignes dans une poêle électrique qu’elle a installée sur le bar; les fruits ne doivent pas être remués sans cesse, alors elle a le temps de disposer des fromages sur une planche, de déboucher du vin et de faire infuser un chaï bien épicé.
Les fumets se diffusent dans tous les coins et recoins des Yeux Fertiles, alors on cesse le travail en cours et l’on se dirige vers le bar autour duquel Fernando dispose de grands tabourets. Pierre arrive le premier, mettre au net ses notes sur sa vieille Hermès dans le coin le plus retiré de la librairie-café-atelier lui a ouvert l’appétit. Il est rapidement rejoint par Fatou, Jenna, Kira et Hélène qui ont du mal à résister à la senteur et aux craquements des châtaignes, malgré la musique du métier à tisser et les odeurs de laine; mais il y a un temps pour tout. Chacun sait que Marguerite est dans le coin des livres, mais on ne la dérange pas, elle parle avec une femme que personne ne connaît, une conversation feutrée devant un livre ouvert. Le tintement des verres tire les deux femmes de leur bulle, comme une clochette qui inviterait à tourner la page. Les deux femmes s’approchent:
– Les amis, je vous présente Linda, nous étions plongées dans le noir de Train de nuit pour Lisbonne.
La femme semble à la fois gênée et touchée d’être acceptée dans le cercle de ceux qui ont le droit de rester après la fermeture; elle accepte le verre qu’on lui tend, le fait tinter contre tous les autres verres, boit une gorgée, regarde chaque visage et prend la parole:
– Ne croyez pas que je suis une bonne lectrice, dit-elle en montrant le pavé posé sur le bar, c’est tout le contraire. J’ai suivi toutes mes classes ici, j’ai eu mon certificat, je suis entrée dans le monde du travail et on ne m’a plus jamais demandé de penser, ni de faire quoi que ce soit que l’on faisait à l’école, juste travailler le plus vite possible et obéir. J’ai peu à peu désappris à lire, à calculer, à comprendre. Pour les  papiers, les impôts et tout ce qu’on doit faire, j’ai toujours trouvé de l’aide dans la communauté, mais maintenant je veux sortir de mon enfermement – l’appartement, l’usine, le magasin et le cercle portugais. Le métier à tisser a attiré mon regard de l’autre côté de la vitrine, j’ai poussé la porte, Marguerite m’a accueillie et avec elle je réapprends à  lire, je ne suis pas analphabète, mais illettrée, dans mes deux langues. Je ne vous connais pas et je n’aimerais pas que vous me preniez pour une femme que je ne suis pas.
Personne n’ose ajouter un mot, on a le souffle coupé par tant de franchise, par tant de confiance placée en des inconnus. Marguerite passe son bras autour de l’épaule de Linda, les tabourets bougent et les deux femmes manquent de tomber. Stupeur puis soulagement, déséquilibre, équilibre, rires, verres qui tintent.
– J’ai proposé à Linda d’apprivoiser les mots dans ce beau roman à cheval entre deux cultures, comme elle. Fernando, nous aideras-tu à traduire des passages en portugais?
Fernando, lui aussi, manque de chuter de son tabouret, mais il se rétablit de justesse et attrape le livre sur le bar. Il l’ouvre à la première page et se met à traduire, phrase après phrase; il lit la phrase en français puis la traduit en portugais; lorsqu’il lit il ne quitte pas le livre des yeux, lorsqu’il traduit il ne quitte pas Linda des yeux.

Les plus belles nuits sont souvent celles dont le thème n’est pas connu à l’avance.
As noites mais bonitas são muitas vezes aquelas cujo tema não é conhecido com antecedência.

Plus que 365 jours… (258/365)

Novembre est une fleur flammes – XIX

Jan, mon cher Cousin,
Merci de m’avoir une fois de plus offert l’hospitalité, ainsi qu’à Heinrika; elle a été très touchée par tes mots et par ton accueil, pourtant virtuel. Nous n’avons passé qu’une nuit chez toi car le Rhin nous appelle; nous embarquons ce soir pour Amsterdam, mais nous ne savons pas exactement où nous mènera cette navigation, nous appareillons avec deux drôles de zigues dont un capitaine, mais nous ne craignons rien, il nous a été recommandé par un autre capitaine, très humain, rencontré à Bonn.
Merci pour les bières! On n’a pas touché au Sinalco, on en avait aussi amené une bouteille! mais on a emporté le pot de Marmite, Heinrika adore! On t’a naturellement laissé un pot de Cenovis, mais aussi des barres Ovo et du Chocmel.
Embrasse de notre part ta mère, ma chère tante, et tes soeurs, mes deux allemandes préférées!

Et nous, on t’embrasse!
Gaspard et Heinrika

Plus que 365 jours… (257/365)

Novembre est une fleur flammes – XVIII

A l’ouest du Rhin on se penche aussi sur des cahiers mais on est plus nombreux et les tables sont plus petites que celle de la cabine-séjour du Popeye.

Le coin bistrot – ou café, comme on voudra – n’a pas encore été officiellement inauguré mais déjà on lui a trouvé des usages. Plusieurs fois par semaine, un peu avant quatre heures, on voit arriver Aux Yeux Fertiles des écoliers, par petits groupes. On les accueille, ils choisissent des tartines, des fruits et des boissons qu’on a disposés pour eux sur le bar et s’installent autour des petites tables, par affinité. Le goûter pris, les sacs s’ouvrent et le travail commence, le coin bistrot devient salle d’étude. On y garantit une atmosphère sereine pour travailler, de l’aide, de l’entraide, des conseils. Quelques bénévoles assurent le fonctionnement du lieu, discrètement, efficacement, selon un tournus hebdomadaire; des retraités, des étudiants, quelques profs.
Lorsque les plus jeunes sont au travail, les plus grands arrivent progressivement – collégiens, gymnasiens, apprentis – et s’installent aux places qu’on leur a laissées; les bénévoles veillent à ce qu’il reste des places à chaque table – des tables de deux à six places – afin de favoriser le mélange, l’échange et la collaboration. Certains grands commencent par regarder ce que font les petits, les encouragent, leur montrent un truc ou une astuce; on entend parfois des phrases dans d’autres langues que le français, -oui, les filles peuvent faire tous les métiers, je le dirai à tes parents, -bosse ton voc. et inscris-toi en bilingue, c’est génial de quitter ses parents quelques mois; on sent bien que quelques phrases relèvent aussi de l’auto-encouragement, pas facile de se mettre à étudier après une journée de travail,  quand la nuit arrive et avec elle le froid, pourtant les grands ont aussi droit au goûter. Certains petits attendent avec impatience l’arrivée des grands – Clément aime bien que Pascale corrige ses exercices de math, elle est patiente, explique bien et ses yeux sont si beaux. Puis les petits partent un à un, parfois par deux, on vient les chercher ou ils s’en vont tout seul par les rues éclairées. Les tables ont des trous, le climat est de plus en plus studieux. Entre six et sept heures l’ambiance change peu à peu; des grands s’en vont, d’autres rangent leurs affaires et vont chercher une bière au bar, on recommence à entendre des conversations plus animées, plus fortes, des gens entrent, des gens sortent, des groupes se font, d’autres se défont, c’est l’heure de l’apéro.
Les Yeux Fertiles ferment à huit heures, sauf les soirées à thème: lectures publiques, jeux de société, débats, causeries, conférences, et caetera, et caetera. Ces soirées-là se terminent souvent à point d’heure.