Octobre est un foyard – IX
Tandis que rivée à son chemin de halage elle avance bravement – Fellen, Hirzenach, Bad Salzig, Boppard, Spay, Rhens, Stolzenfels et bientôt Koblenz –, lui gamberge sur sa grève, se retourne, hésite à l’attendre, se demande comment elle interprète l’absence de message du chat botté qu’il ne veut pas être, se dit que la prochaine grande ville sera peut-être la Bonn, ou Koblenz – il ne sait plus très bien sa géographie, mais l’a-t-il jamais sue? Gaspard pratique plutôt la géographie qui rentre par les pieds et les siens n’ont encore jamais foulé cette berme fluviale. Oui, Koblenz, passer quelque jours dans cette ville, compter sur le hasard, se dire que ce mot commence par h, comme elle, y voir un signe, se remettre à quai, avancer.
Ainsi marchent-ils toujours en quinconce, elle est maintenant devant et lui derrière – gauche, droite –, mais ils ne le savent pas. Chacun sur sa rive se réjouit de la grande ville, compte sur la chance pour retrouver l’autre, compte se goberger, avec ou sans rime.
Et l’eau coule sous les ponts qu’ils ne voient pas.