Septembre est une jardinière de prunes – XIII
Il est largement passé 17h lorsque son train arrive en gare de Mayence; plus de Tourist Service Center, ni de musée.
Chercher une chambre. Elle marche en direction du Rhin, le besoin d’être reliée à son pays montagneux; elle ne se sent pas très à l’aise dans cette ville qui donne un semblant de relief à ce plat pays rempli de rases campagnes; le Rhin vient des montagnes – elle repense aux mots que lui a envoyés Gaspard, ces mots qui disent les montagnes grisonnes, des pentes et des glaciers qui alimentent le fleuve. Elle a envie de voir cette eau, de la toucher, avec les pieds, avec les mains, de s’y rafraîchir. L’idée de renouer avec le voyage la réjouit, mais elle sent qu’elle a besoin de sentir encore un peu ce fil qui la relie à ses montagnes. Elle se dit que dans les villes fluviales il y a des hôtels sur les berges.
Une auberge attire son regard, quelque chose lui rappelle celle qu’elle tient à Hospental, sans doute le côté simple et chaleureux qui transparaît de la devanture. Elle entre. On lui dit que c’est complet, on a loué la dernière chambre à midi et on a oublié de mettre le panneau habituel sur la porte. Elle est déçue, le réceptionniste le remarque bien. Il décroche son téléphone et la fait patienter un instant. La conversation est brève; elle comprend qu’une chambre l’attend quelque part.
– C’est un petit hôtel comme le nôtre, lui dit-on, au bord de l’eau, à une quinzaine de minutes en amont; on vous y attend.
Elle remercie et s’en va dans la direction qu’on lui indique. Elle suit le Rhin sur un petit kilomètre.
Tandis qu’Heinrika remonte cette eau qui descend de Suisse, Gaspard dort sur un banc, un kilomètre en aval. La distance zéro s’éloigne.