Plus que 365 jours… (210/365)

Septembre est une jardinière de prunes – XXVII

Septembre tire à sa fin, de même que la nuit de Gaspard, la mauvaise nuit passée au Burghotel de Lorch, riant bourg viticole du bord du Rhin. Pourtant il ne rit pas Gaspard; pour lui septembre a commencé tout en douceur, avec des fruits de saison (cf. septembre est une jardinière de prunes, épisodes II à V) mais se termine avec une pointe d’amertume. Il s’attendait à des retrouvailles, mais il n’a eu droit qu’à une feuille pliée en deux sur un oreiller, une feuille qui l’a tenu éveillé jusqu’aux petites heures du matin, une feuille qui l’a fait se tortiller le cerveau,  se perdre en conjectures, se tortiller dans son lit, se perdre dans les draps – qui étaient pourtant beaux – avant de s’endormir épuisé par tant d’efforts, plié en deux sur le matelas, très las.
Sept heures le fait tomber du lit – il avait demandé au patron de faire sonner le téléphone à cette heure –, et il fait le point sous la douche,  seconde douche froide après celle des retrouvailles manquées. Elle était donc la neuvième, celle qui n’a pas parlé, celle qui l’a dardé de ses prunelles qu’il n’a pas reconnues! Il est vexé Gaspard, très vexé. Il se calme, l’eau glacée l’aide à se calmer – et il se voit sur une planche d’Hergé: il est dans un hôpital psychiatrique, armé d’un jet un infirmier le gicle avec de l’eau froide pour le calmer et lui crie très fort Elle est partie on vous dit, depuis belle lurette, prenez ce bretzel pour vous calmer! Il attrape le bretzel avec la gueule, Gaspard, manque de s’étrangler, l’infirmier change l’eau en vin, un petit vin blanc délicieusement fruité, et il dit, l’infirmier, prenez ça, ça vous aidera à avaler! Il rêve sous la douche Gaspard, la douche écossaise; des coups le réveillent, il passe un peignoir ouvre la porte, le patron le regarde d’un drôle d’air, surtout quand il l’entend dire Je crois que je me suis endormi sous la douche écossaise, debout, comme un poney Highland; il regarde mieux, le patron, et il finit par lui demander Déjà eu votre Ovo aujourd’hui? Pas encore, répond Gaspard, le temps de m’habiller et je descends. D’accord, je vous attends à la cuisine.
L’Ovo le réchauffe, fond et forme. La patron s’assure qu’il ne manque de rien et le laisse cogiter à côté de la casserole d’Ovo. Il renonce à comprendre ce qu’Heinrika faisait avec les huit femmes en niqab, il décide de se ficher de savoir qui lui a dit que le noir lui allait bien, il retient juste qu’elle souhaite lui courir après, et comme il sait qu’elle court plus vite que lui, il paie, remercie et file dans la beauté du matin – chat botté.

Plus que 365 jours… (209/365)

Septembre est une jardinière de prunes – XXVI

Il sait qu’il lui suffit de suivre la rive droite sans s’arrêter pour arriver à Lorch – Burghotel in Lorch –, alors il marche Gaspard. Il n’avait pas prévu de marcher de nuit, il voulait simplement marcher jusqu’à la nuit, dans l’espoir de rencontrer un quidam informé de la suite par Heinrika. Il a été servi, Gaspard, neuf quidams d’un coup, neuf quidams en niqab, et qui étaient bien informées – oui, c’étaient des femmes sous les niqabs, de belles voix de femmes, même la neuvième, celle qui n’a pas parlé, les prunelles étaient ceux d’une femme, il en est sûr, Gaspard. Et maintenant qu’il est informé, Gaspard, il est pressé d’arriver – Burghotel in Lorch.
Dans son carnet, il a quelques étapes d’avance, préparées avec soin grâce à la carte;  il sait qu’une trentaine de kilomètres séparent Eltville de Lorch, cinq heures de marche sur terrain plat, à peine plus; il a marché une heure avant de rencontrer les neufs quiqabs, il est environ vingt heures, il devrait donc arriver vers minuit. Il trace Gaspard, il est motivé Gaspard – Burghotel in Lorch.
Minuit sonne au clocher de l’église lorsqu’il aborde le bourg viticole dans des effluves de vendanges. Il trouve sans difficulté le Burghotel, les indications des quiqabs étaient succinctes mais très précises. Devant la porte un homme scrute la nuit étoilée; Gaspard ? demande-t-il. A peine le temps de répondre oui qu’il se retrouve attablé dans la cuisine avec le scruteur de nuit, le patron. La dame a dit que vous seriez là au plus tard en fin d’après midi, alors je vous ai attendu, je commençais à être inquiet. Heinrika? dit Gaspard, manquant de s’étrangler avec le bretzel qu’il a dans la bouche; elle est encore là? J’ignore son prénom, et son nom, mais la dame est partie depuis belle lurette, répond le patron en remplissant les verres d’un petit vin blanc délicieusement fruité. Gaspard n’ajoute mot, il est stupéfait et tombe de sommeil après sa marche presque forcée; il se laisse docilement conduire dans la chambre qu’on a réservée pour lui. Au moment de se glisser dans le lit, il remarque une feuille pliée en deux sur l’oreiller.
Gaspard, mon Cher Gaspard,
Maintenant c’est toi le chat botté, on inverse les rôles. Je partirai demain de bonne heure d’Eltville où je suis retournée, envie de revoir la patronne du Violon et envie de te courir après. Lève-toi de bonne heure, continue à suivre l’eau en direction de Cologne et laisse des indications à des quidams que tu rencontreras, avec ou sans niqab. 
Je t’embrasse et je te serre dans mes bras,
H.
P.S. Trouves-tu aussi que le noir me va bien?

Plus que 365 jours… (208/365)

Septembre est une jardinière de prunes – XXV

Jamais une femme n’a fait pssst à Gaspard après l’avoir croisé, du moins ne s’en souvient-il pas, mais il est vrai que Gaspard est souvent dans la lune; avec Mathilde, l’histoire a commencé tout à fait autrement. Alors neuf femmes d’un coup, sur une berge, entre chien et loup, il y a de quoi frissonner, et il frissonne Gaspard, face à ces neuf femmes voilées qui ont immédiatement cessé de faire pssst une fois qu’il s’est arrêté et leur a fait face; leur silence est plus impressionnant encore. Il scrute leurs yeux dans la nuit qui s’installe, des amandes qui brillent dans les fentes des niqabs; aucune amertume mais de la bienveillance, des regards presque rieurs qui semblent dire aie confiance! Il ne recule pas quand elles approchent, elles font cercle autour de lui, lui tournent littéralement autour en faisant des pas chassés, de loin on pourrait croire à une danse, une danse lente en neuf mouvements; chaque fois qu’une femme est face à Gaspard, elle s’arrête, dit quelque chose et le mouvement reprend; seule la neuvième ne dit rien, ses prunelles dardent Gaspard, comme pour vérifier qu’il a bien saisi le message. Gaspard est resté muet, serein, concentré et son visage s’est allumé après la huitième femme – Gaspard est souvent dans la lune –, la neuvième a vu ce qu’elle voulait voir. La ronde reprend, sans arrêt, sans mot prononcé; un tour, deux tours, arrêt. La neuvième femme se trouve à nouveau face à Gaspard et de sa bouche sort un autre son: pschitt! A ce son, les neufs femmes se regroupent et reprennent gaiement le chemin d’Eltville, vers l’amont.
Fasciné, Gaspard les regarde s’éloigner comme on admire des étourneaux danser et babiller dans le ciel d’automne. Lorsqu’il ne les voit plus et que leur joyeuse rumeur n’est plus qu’un songe, il se hâte vers l’aval. Dans sa tête des mots dansent par groupes de trois, Burghotel in Lorch.

Plus que 365 jours… (207/365)

Septembre est une jardinière de prunes – XXIV

Il dort jusqu’au milieu de l’après-midi.
Une douche rapide, il défait la literie, en fait un ballot qu’il dépose dans le couloir avant de descendre. En bas, c’est l’heure creuse. La patronne prend le soleil sur le pas de porte. Elle rentre, lui propose une collation sur la terrasse. Tandis qu’il grignote, elle résume la situation, elle transmets les nouvelles règles du jeu. Heinrika a une bonne poignée d’heures d’avance, marche de jour, le long du Rhin, laisse des instructions orales à des riverains, des gens susceptibles de croiser Gaspard, ou de la voir passer; elle vous décrit à ces gens, ajoute la patronne, afin qu’ils vous informent, afin que vous ne perdiez pas sa piste.
Le crépuscule n’est plus très loin, Gaspard n’a plus sommeil, Gaspard n’a plus faim, Gaspard se dit qu’il peut encore avancer de jour, se hâter, trouver quelqu’un qui lui dira la suite. Gaspard se lève, veut payer, la patronne refuse, c’est moi qui vous ai proposé l’hospitalité, rattrapez-la, soyez heureux ensemble et donnez-moi des nouvelles, allez ouste! ajoute-t-elle après l’avoir serré dans ses bras, pour lui transmettre un supplément de force, un supplément d’humanité. Alors il file Gaspard, avec dans la tête des bottes de Perrault.
Entre chien et loup, l’oeil de celui qui se hâte sur la berge est attiré par du noir qui vient à sa rencontre, beaucoup de noir. Il croit d’abord à des nonnes en robes et en capots mais, au fur et à mesure que le groupe se rapproche de lui et que lui se rapproche du groupe, il identifie  des burqas. Il ne fait pas le malin Gaspard, mais ne ralentit pas. Arrivé à deux mètres du groupe, il salue et poursuit son chemin; aucune réponse articulée, mais une sorte de murmure. Il s’arrête. Il tend l’oreille. Il distingue clairement des pssst répétés, de plus en plus vite, de plus en plus fort. Il se retourne, les femmes sont arrêtées, elles lui font face, elles sont neuf.

Plus que 365 jours… (206/365)

Septembre est une jardinière de prunes – XXIII

Huit heures se pointent lorsqu’il passe devant le violon, le Gaspard, l’auberge Au Violon, à Eltville, le long du Rhin, au milieu du vignoble, en Allemagne, fort loin de Riga.
La patronne qui prend le frais sur le pas de porte – de l’auberge Au Violon, à Eltville, le long du Rhin, au milieu du vignoble, en Allemagne, fort loin de Riga –, le reconnaît instantanément: stature, corpulence, forme du visage, forme des lunettes, couleur du sac – Heinrika l’a bien mise au courant – et le salue d’un joyeux Bonjour Gaspard! Interdit, Gaspard plante sur ses vibram et stoppe Au Violon, bouche bée. La patronne, qui n’est pas vilaine – bouche bée, le Gaspard –, le met à son tour au courant; Heinrika a dormi ici, elles ont déjeuné ensemble de très bon matin, dans la cuisine, et maintenant elle file le long du Rhin.
Il devient pâle, Gaspard et elle s’en inquiète, la patronne qui n’est pas vilaine et qui prend le frais devant son auberge, elle lui propose de reprendre des forces en déjeunant, il accepte et elle redéjeune avec lui, celle qui n’est pas vilaine à regarder, puis elle lui propose son lit, à Gaspard, pas le sien mais celui d’Heinrika, la chambre est payée mais pas encore faite, ne vous gênez pas, et n’allez pas me faire croire que vous ne lui courez pas après aussi un peu pour ça, c’est qu’elle n’est pas vilaine l’Heinrika qu’elle lui dit, la patronne pas vilaine, en le précédant dans l’escalier, le Gaspard, qui n’ose pas trop regarder devant lui car elle est un peu à l’étroit dans sa robe la patronne qui monte devant lui et qui n’est pas vilaine de dos non plus.
Seul dans la chambre Gaspard ne se sent pas pousser des ailes à l’idée de dormir dans le lit déjà payé qui garde l’empreinte tiède du corps d’Heinrika, le corps de celle qui est seule sur la berge et avance à grands pas, le corps de celle celle qui s’est parée des idées et des bottes du chat de Perrault, des bottes de sept lieues qui la font avancer tandis que Gaspard, immobile dans la chambre Au Violon, ne se sent pas pousser des ailes alors qu’il va dormir dans les plumes d’Heinrika.

Plus que 365 jours… (205/365)

Septembre est une jardinière de prunes – XXII

Elle croit le connaitre; elle n’a pas imaginé qu’il marcherait de nuit, sans équivoque, alors elle a claironné sur tous les tons, sur tous les toits, Gaspard passera! Dites-lui à Gaspard qu’Heinrika l’attend à Eltville, ou plutôt que des mots d’Heinrika l’y attendent, car quand il sera à Eltville, Gaspard, elle aura déjà filé, Heinrika, filé de l’auberge Au Violon, dans cette ville qui est vieille et vigneronne, Eltville, au bord du Rhin. Elle a dit cela à beaucoup de monde, celle qui file le long du Rhin, en insistant bien: Gaspard, Heinrika, Eltville, auberge Au Violon, mots dans la ville pour retrouver celle qui trotte au fil du Rhin devant lui. Oui, elle est maintenant devant lui, elle file en trottant sur les berges, elle l’a dépassé sans qu’il le sache, celui qui croit la connaître et marche tranquillement derrière, à la fraîche. Elle a dit cela à beaucoup de monde, en ciblant de ses mots ceux qui passent du temps dehors, vignerons, paysans, autochtones dans leur jardin, habitués des berges, promeneurs de chiens, vieux ou pas, beaux ou pas, avec ou sans barbie-joggeuse, amoureux transis, vieillards rassis, sur un banc ou pas.
Seulement voilà, le Gaspard marche de nuit – douceur de nuit – et la nuit point de vigneron ni de laboureur, point de locaux dans les jardins, point de vieux ni de chien et les barbies-joggeuses dorment du sommeil du juste, ou pas, enveloppées par la nuit, ou pas. Alors il marche innocemment, le Gaspard, un pied après l’autre, buvant la nuit qui l’enveloppe de ses senteurs et ses sons, mais sans les mots de celle qui se prend pour le chat botté.

Plus que 365 jours… (203/365)

Septembre est une jardinière de prunes – XX

Elle s’est procuré une carte topographique et décide d’emprunter le Theodor-Heuss-Brücke pour gagner la rive droite qu’elle suivra jusqu’à Eltville où elle a décidé de faire étape; à peine quatre heures de marche, une balade de santé. Mais elle se rend vite compte, celle qui pose une piste le long du Rhin, que le jeu ne sera pas si aisé qu’elle l’avait imaginé.
Sur les berges du Rhin, en ce dernier dimanche d’été – demain c’est l’équinoxe, à 9h50 –, on dirait que tout le monde s’est donné rendez-vous: familles avec ou sans roulettes, promeneurs avec ou sans quatre pattes, couples confirmés avec ou sans fougue – les plus jeunes sont encore dans les plumes à heure qu’il est –, et caetera, et caetera. Elle doit donc agir sous le regard des autres, Heinrika, en espérant qu’ils n’effaceront pas les traces qu’elle laisse. Dans un bosquet le long du Rhin, elle a trouvé du bois mort qu’elle a taillé en bâtonnets, elle a aussi dans sa poche une craie qu’elle a chipée en quittant l’auberge, la craie avec laquelle on écrit les menus sur les ardoises.
Sur un banc, un vieux et son chien la regardent passer; le vieux n’est pas laid mais elle n’aime pas la façon dont il la regarde, de la tête au pied, quant au chien, il bave abondamment, un morceau de bois dans la gueule; au gravé sur le bâton, elle reconnaît un indice laissé pour Gaspard; méchant chien! Plus loin, tandis qu’elle termine de tracer au sol H&G, bondit d’un autre banc une barbie-joggeuse qui se reposait; avec sa bouteille de contrex elle asperge la trace blanche et insulte copieusement Heinrika, c’est à cause de touristes comme vous que nos villes sont si sales! Elle encaisse avec un sourire poli, reprend son cheminement sur la berge et jette ostensiblement les bâtonnets et la craie dans le fleuve.
Chemin faisant, elle se demande comment communiquer avec Gaspard, le jeu commence à ne plus l’amuser. Découragée, elle s’arrête sur un autre banc et pique-nique sans appétit. Sa bonne humeur revient un peu lorsqu’elle voit arriver un couple qui ne lui est pas inconnu, le vieux beau et la joggeuse, bras dessus, bras dessous, le chien de race baveux ouvrant la marche, méchant chien! Tout dit l’amour dans ce couple, la maquillage sophistiqué de la fille, le training et les chaussures de marque, le sourire béat du vieux, ses habits élégants et son joli chapeau qui le fait sembler moins petit à côté de l’élancée buveuse de flotte. Après le couple improbable, elle voit arriver un jeune-homme, du genre Ken; comme si de rien n’était, il entre dans un bosquet, en ressort nu et plonge dans le Rhin. Sa bonne humeur progresse, elle songe à prendre les habits de l’Apollon, avec elle, sur le banc, histoire de contempler de plus près l’adonis nu et mouillé; elle pourra toujours prétexter qu’elle a sauvé les habits d’un chien qui faisait mine de lever la patte dans le bosquet, méchant chien! Mais elle ne le fait pas, car une autre idée lui vient en voyant l’homme nu batifoler dans le Rhin.
Oui, c’est ça, l’histoire du Chat botté, communiquer avec Gaspard non pas par signes ou par indices laissés le long du chemin, mais avec des paroles, tout simplement! Comme le chat botté, avertir les gens du passage de Gaspard et demander à ces gens de lui parler d’elle, de lui dire, à Gaspard, où Heinrika l’attend.

Sa bonne humeur est définitivement de retour, le jeu reprend, plus pimenté, gentil chat!

Plus que 365 jours… (202/365)

Septembre est une jardinière de prunes – XIX

En repensant aux discussions d’Hospental avec celle qui file maintenant le long du Rhin – mais il ne le sait pas, Gaspard, qu’elle file le long du Rhin, Heinrika, qu’elle l’a dépassé, il ne le sait pas encore –, il se dit qu’il faut laisser des traces dans des types de lieux dont ils ont parlé, ou dans des lieux reliés à des sujets dont ils ont parlé.
Ils ont parlé de musées, ils ont parlé de carnavals et, sensible comme elle est, elle a forcément vu les affiches de l’exposition des costumes au Mainzer Fastnachtsmuseum, il en a vu dans plusieurs rues, il doit y en avoir à la gare, donc elle en a vues puisqu’elle est arrivée en train. Arrivé devant ce musée, son attention est attirée par une affiche dont un des coins inférieurs est décollé; dans sa tête un déclic, il se souvient avoir vu dans un livre qu’il a reçu, un livre à propos d’un oiseau qui dessine et qui peint, une telle affiche avec, au dos du coin décollé, un message de quelqu’un qui complimente l’oiseau pour ce qu’il fait et signe de son prénom. Il sort alors son stylo et écrit au dos de l’affiche dont un des coins inférieurs est décollé devant le Mainzer Fastnachtsmuseum J’aime être dans cette ville avec toi. Gaspard, puis il file sans demander son reste, de peur qu’on ne le surprenne, de peur qu’elle ne le surprenne.
Pauvre Gaspard qui renonce à la belle exposition, pauvre Gaspard qui ne sait pas qu’il est devancé, qui ne sait pas que c’est elle qui mène désormais la danse, qui ne sait pas encore qu’elle file le long du Rhin. Coin, coin.

Plus que 365 jours… (201/365)

Septembre est une jardinière de prunes – XVIII

Qu’en sait-elle celle qui trotte devant Gaspard, est-elle bien sûre de ne pas se faire doubler par celui qui laisse des traces derrière elle, des traces qu’elle ne verra pas?

Une bonne nuit de sommeil et ses idées sont claires, oui, jouons un peu, mais c’est moi qui fixe les règles, c’est moi qui mène la danse!
Eh oui, elle est passée devant G., H. et l’esperluète n’est pas encore de mise entre eux. De bon matin elle s’est levée, a déjeuné, a décampé.
Tandis que G. ne fait pas la file au guichet – peut-on faire la file quand on est seul, à la poste ou ailleurs, et si on est sol, entre quels fils danse-on? –, H. file le long du Rhin en laissant des traces à G. Dès la sortie de Mayence, cheftaine H. pose des poste pour G., son petit louveteau. Mais le petit g a-t-il sa lampe de poche?

Qu’en sait-elle Heinrika qui trotte devant G., est-elle bien sûre qu’il verra les traces qu’elle laisse derrière elle pour lui? Sait-elle qu’il partira nuit tombée, sans lampe de poche?
Elle aura douze heures d’avance, mais sera-t-elle plus avancée? Il courra derrière elle croyant être devant, alors il ne cherchera pas de traces et il n’en verra pas, car la nuit, sans lampe de poche, c’est plutôt coton.