Août rougeoie – XXVIII
Lieux et dialogues de l’été – XXVII
Balcon
Si elle n’était pas court vêtue – un simple maillot de bain –, si elle était dressée et non pas affalée, on pourrait croire à une sentinelle perchée dans la nuit tropicale, tendue pour scruter le noir horizon.
Elle guette bien quelque chose, mais sans les yeux. Sa peau capte les premiers mouvements de l’air, suivis d’odeurs du verger tout proche – pruneaux, mirabelles; ses oreilles confirment, des branchages frémissent et entament posément leur long va-et-vient.
Une première piqûre fraîche, une deuxième, quelques autres puis plus rien. Le corps respire mieux mais l’air se remet au calme. Impatience. Moiteur qui revient. Gouttes qui perlent.
L’air se remet à bouger, sèche un peu la peau, frissons. Son et odeur reviennent, brise fruitée, souffle sucré; le vent s’installe, le goutte à goutte reprend, fait dresser la silhouette qui se met à tourner comme une lente girouette pour répartir le frais. Lorsque les gouttes deviennent pluie, la silhouette ne tourne plus; immobile, elle présente son visage au ciel qui l’a entendue. Salves de néons qui tremblotent, ribambelles de tambours qui roulent. Pour la gratifier de son attente, l’orage fait danser la silhougirouette qui lui crie des remerciements à contretemps, tandis que le ciel se purge.