Août rougeoie – XXIV
Lieux et dialogues de l’été – XXIII
Escalier et table
Il aime cet escalier non pas parce qu’il donne accès à une grande surface, mais parce qu’il fait face à une rue qui ouvre sur les montagnes derrière lesquelles apparaît le soleil chaque matin d’août.
Elle aime cette table non parce que c’est la seule table à deux de la terrasse, mais parce que de cette table elle observe chaque matin d’août un homme qui vient attendre le soleil, sans être vue de lui.
Il ne la voit pas arriver quelques minutes avant lui, allumer le percolateur, préparer le bar et s’asseoir à sa table.
Elle le voit arriver quelques minutes après elle, s’étirer comme un chat, bailler aux corneilles et s’asseoir en haut des marches.
Il se lève en même temps que le soleil et se dirige lentement vers sa table.
Elle se lève en même temps que lui et se hâte vers le moulin à café.
Ils partagent la même table mais il ne le sait pas.
Ils parlent la même langue mais elle ne le sait pas.
Ils se sourient mais ne savent rien l’un de l’autre.
Elle aimerait que d’un geste il l’invite à s’asseoir.
Il aimerait qu’un matin elle amène due espressi.