Août rougeoie – XVII
Lieux et dialogues de l’été – XVI
Berge (suite)
Gaspard marche à nouveau pieds nus à rebours du Rhin, mais cette fois il n’est pas seul, Gabriele, Arnold et Louise l’accompagnent.
Personne n’est surpris de croiser des marcheurs en maillot de bain sur l’ancien chemin de halage. Quiconque arrive à Bâle un chaud jour d’été a tôt fait de comprendre que le Rhin et ses berges sont l’artère principale de la ville; comme dans n’importe quelle rue, on croise ici toutes sortes de gens, mais à certaines heures ce sont les baigneurs que l’on remarque le plus; dans l’eau, sur les berges, solitaires ou en groupes, costauds qui remontent le courant, nonchalants qui dérivent, marcheurs pressés de sauter à l’eau, corps mouillés qui sèchent, baigneurs de soleil. Gabriele, Arnold et leurs invités se sont immergés à la hauteur de Solitude, le parc qui jouxte le Musée Tinguely, et se laissent paresseusement emporter par le fleuve. On aurait bien demandé à Ulysse de garder les affaires, mais Ulysse a disparu – Louise avait raison, il manque quelque chose à ce chien –; mais que risquent les affaires, des linges, des habits d’été, des sandalettes et un panier pique-nique? Pour l’instant on croise les Rheinfähren, on salue les ponts, on pense aux artistes du groupe die Brücke et on se dit que si des petits malins piquent nos affaires on ira boire une bière et manger une saucisse dans un Biergarten éphémère le long de ce ruban qui s’est mué en artère principale, cette artère dans laquelle on est en train de couler, cette eau froide qui stimule notre sang.