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Août rougeoie – IX
Lieux et dialogues de l’été – VIII
Le jardin (suite)

On ne sait pas exactement combien il y a d’invités, c’est la loi du bouche à oreille, la loi de Vivre ici, mais à vingt heures tapantes Mathilde et Rose déclarent d’une seule voix que le buffet est ouvert. Personne ne se rue, tout le monde prend le temps d’admirer les plats de ce buffet froid qu’on a pris soin de dresser loin du foyer où mijote la soupe – il fait encore plus de trente degrés dans le jardin –, alors la soupe ce sera pour plus tard, comme souvent lors des fêtes qui se prolongent tard dans la nuit. Pour l’instant on admire la diversité des plats et des couleurs. Il y a du salé, de l’aigre-doux, du sucré, de l’amer, du doux, de l’acide, du vif, du sombre, du transparent.
Mathilde, Paola et Rose ont accueilli celles et ceux qui ont été guidés jusqu’ici par leurs oreilles avec des plats du monde entier pour régaler les bouches; elles ont agencé ces plats sur les tables dressées à cet effet tandis que Pierre, en discutant avec les cuisinières et les cuisiniers, a rédigé de petits cartons sur lesquels on peut lire le nom du plat, sa région d’origine – une caponata de Sicile, un fromage du Jorat – et ses ingrédients: gare aux sans poisson ni fruit de mer, aux sans lactose, aux sans gluten, aux gourmands, aux religieux de tout poil, et caetera, et caetera. Avec les pains cantonaux confectionnés par l’équipe du four à pain et les boissons – vins, vins sans sulfite, bières, bières sans alcool, jus de fruits, thés, tisanes et cafés froids – tous les continents sont représentés sur les tables, donc au jardin.
Mathilde n’est pas peu fière que son jardin devienne un Monde miniature, surtout en ce 1er août, en cette fête qui doit – qui devrait – unir tous les habitants du pays, au-delà des allergies de tout poil.