Trompettes de juillet – XI
Raffella n’hésita pas une seconde à accepter que le bâtiment rectangle, tout en longueur, siège de l’association Femmes Solidaires Sans Frontières qu’elle présidait, figure sur le plan géant que l’on apercevait par la vitrine des Yeux Fertiles, ce lieu en mutation. La demande émanait de Marguerite et Paola qui avaient décidé de mettre leur été à profit pour un tissage d’un genre particulier, d’un genre très beau – peut-être le plus beau car invisible – le tissage de liens humains.
En cette après-midi de fin juillet, on voit donc Marguerite et Paola entrer dans la ruelle où se trouve le bâtiment de l’association des femmes solidaires. A travers la vitrine – ce bâtiment était autrefois le siège d’activités commerciales – Paola reconnaît la femme qui l’a prise par la main en la croyant perdue, elle est en compagnie d’une femme âgée mais alerte. La femme leur fait signe d’entrer, ce qu’elle font joyeusement. Raffella, c’est le nom de la femme qui avait pris Paola par la main, leur présente Sofia, membre de l’association et membre d’une association d’aînés qui partage ce local avec les femmes solidaires.
– Plusieurs associations de notre ville ont leur siège ici, dans ce bâtiment historique qui a été une imprimerie. Ce bâtiment profite à beaucoup de monde et favorise les rencontres. Sofia est grecque et moi andalouse, nous sommes en train de préparer le prochain repas interculturel qui aura lieu à la fin de l’été. Repas, le mot est lâché et l’alchimie s’opère.
S’il y avait des passants dans la ruelle en cette après-midi de juillet, ils entendraient par une porte restée ouverte quatre femmes deviser joyeusement. S’ils tendaient l’oreille, ces passants qui ne passent pas car il y a tant de choses à faire en ce beau mois de juillet finissant, ils saisiraient au vol des mots colorés, chaleureux, gratinés, et parmi ces mots il y aurait moussaka.
On devine que les repas culturels de l’association Femmes Solidaires Sans Frontières sont en train de rencontrer le projet de Paola, Giuseppe et Pierre, faire émerger des récits de migrants à travers la cuisine; cette rencontre a lieu dans ce bâtiment rectangle, tout en longueur qui est le siège de plusieurs associations, grâce à quatre femmes qui tissent joyeusement. Ce bâtiment rectangle, tout en longueur va bientôt figurer sur le plan que l’on voit par la vitrine d’un autre bâtiment, celui vers lequel se dirigent les quatre tisseuses. L’atelier tissage est terminé, plus exactement il va se poursuivre chez Paola, au dernier étage du bâtiment où se trouve le plan géant. Les quatre tisseuses se rendent dans sa cuisine pour y comparer des huiles d’olive de provenances différentes: Calabre, Andalousie et Péloponnèse.
Dans la cuisine de Paola, ce sont tantôt les rires qui dominent, tantôt le crépitement de l’huile d’olive dans les poêles.