Plus que 365 jours… (129/365)

Ardeurs de juin — VIII

Une sentinelle de tir le renseigne, la troupe est là pour dix jours ; alors il fait une croix sur l’amphithéâtre du chevelu, Gaspard, il reviendra une autre fois, seul ou accompagné. Il aurait aimé, Gaspard, marcher dans les traces de son père, se convaincre qu’il est grand, tester sa mémoire ; quelles montagnes peut-il nommer sans recourir à la carte ? Tant pis, ce sera pour une autre fois, peut-être avec l’un des enfants, ils aiment retourner en montagne pendant leurs séjours en Suisse, séjours trop rares selon Mathilde. Mathilde et lui les ont beaucoup emmenés à la montagne lorsqu’ils étaient petits, les enfants, à toutes les saisons.
Comment ils le leur diront, aux enfants, s’ils décident de se séparer ? Lorsqu’on est adulte et qu’on vit à l’étranger, ça change quelque chose que ses parents vivent ensemble ou séparés ? Il ne sait pas Gaspard, il aurait vraiment eu besoin de marcher dans les traces de son père, ce père qui ne s’est pas séparé de sa mère, de se sentir grand, Gaspard, de marcher tout seul jusqu’au cirque dominé par le Glacier du Paradis.
Maintenant, c’est le lourd qui l’emporte, alors il marche Gaspard, il se laisse couler le long du Rhin postérieur en direction de Coire, mais son pas est pesant.