Neige de mai – XX
Rendez-vous est donc pris à Riga, en octobre.
L’échange verbal – cette sorte de ping-pong de mots qui caractérise parfois une séparation –, a eu lieu sur la terrasse. Le col n’ouvre officiellement que dans deux jours, mais Gaspard est ami d’Anton, le chef de la voirie, lui-même ami de Franco, patron de l’hospice du Gothard et, pour les amis, l’hospice ouvre plus tôt. Peu à marcher entre Hospental et le col, il prendra le temps ; il a choisi de partir en fin d’après-midi, il soupera au col, d’un casse-croûte préparé par Odile, elle y tenait – sa manière à elle de lui dire au-revoir, sa manière à elle de leur laisser un moment d’intimité. Discrètement elle a glissé les victuailles dans le sac, sans chercher à comprendre ce qu’ils se disaient. Maintenant, ils sont toujours debout, face à face mais muets. Ils se rapprochent, s’étreignent, en humains qui semblent dire, par un mime immobile et maladroit, qu’après l’été viendra l’automne. L’étreinte se relâche, ils se regardent et il s’en va, sans se retourner tandis qu’elle le suit quelques instants des yeux avant de reprendre sa vie, la saison démarre, des touristes sont annoncés pour le début de soirée, en cuisine Odile bat des oeufs.
Bis bald in Riga.