Avril est vert – XXII
Raconter par le menu cette soirée qui ne faisait que commencer à la fin de l’épisode précédent serait très long, trop long et sans doute indigeste pour le lecteur, car le lecteur sait bien – et la lectrice aussi – ce que signifie raconter par le menu, cela signifie raconter avec beaucoup de détails, sans rien oublier, en respectant scrupuleusement la chronologie, etc., etc.
Et si le lecteur – et la lectrice aussi – regrette que cette soirée ne soit pas racontée par le menu, qu’il soit permis à l’auteur, ou au narrateur, de lui poser la question suivante, au lecteur – et la lectrice aussi – : pensez-vous vraiment que vous comprendriez mieux le récit si vous saviez qui a trop bu, qui a trop mangé, qui a trop parlé, qui n’a pas assez écouté, quels pieds cherchaient quels pieds sous la table, qui a furtivement touché la main de qui dans le jardin, etc., etc. ?
Et si, cher lecteur – et chère lectrice aussi – vous avez envie de répondre oui, pensez à moi l’auteur ou à lui le narrateur – à moins que ce soit l’inverse –, ou alors pensez aux deux et demandez-vous pourquoi nous cèderions à la vile tentation de dénoncer nos personnages. Et écrivez-nous, ça nous intéresse.
Et pour éviter qu’un esprit chagrin ne dise que la pirouette est un peu facile, voici, cher lecteur – et chère lectrice aussi –, du croustillant, des choses à vous mettre sous la dent. Et ce sera tout pour cette soirée.
Mezzes servis à la librairie, avec du pain libanais :
dolmas, houmos, caviar d’aubergine, rekakats, olives à l’ail et au citron.
Menu servi chez Mathilde, au jardin (il faisait beau) :
Spaghettis frais à la seiche (encre et morceaux de seiche parfaitement cuits)
Saucisses piquantes sardes grillées au feu de bois et cima di rapa
Plateau de fromage (un par région d’Italie) et pain de campagne
Mousse glacée al limoncello e panettone
Espressi, grappa e basta.
E questo è tutto per questa sera.