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Avril est vert – III

En avril, ne te découvre pas d’un fil.

C’est à cela qu’il pense celui qui marche sous les cordes déchaînées, celui qui marche et qui cherche un abri pour une courte halte. Il avise un avant-toit, une grange isolée. Il s’y arrête, s’y dévêt, s’y revêt, comme dans un rêve. Lorsqu’il reprend le fil, du chemin, il a ajouté une couche entre son corps et la veste imperméable, des brins, de la laine finement tricotée. Il aime marcher sous des cordes, surtout lorsque celles-ci sont tranchées par des hallebardes qui pleuvent par dessus elles ; ainsi hachées, les cordes deviennent ficelles, comme des légumes en julienne. Il aime les jours ficelles, on peut tracer sans être retenu par le paysage, il est planqué le paysage, sous du coton, en pelotes, il retient les pelotes, le paysage, elles s’accrochent au paysage, les pelotes. Mais des fois, dans ces vallées où il trace en direction d’Olten – ce noeud ferroviaire – les pelotes déboulent, se déroulent et laissent apparaître des bribes de paysage, les tables du Jura et des silhouettes de châteaux. Le temps rend patibulaire le Jura tabulaire et sinistres ces silhouettes de châteaux. Où pique-niquer par ce temps pas beau, à la table d’un de ces châteaux ? Mais qui serait assez bon prince pour l’accueillir, lui qui n’est pas charmant, lui qui ressemble au temps ? Alors il grignote en marchant, mais pas à pas de saucisses, il ne perd pas de temps, il file sur les chemins et le fil de l’histoire avance avec lui – pas d’histoire sans fil –, l’histoire de celui qui n’a pas si faim et qui grignote, par petites touches de couleurs, l’histoire qui laissera peut-être le lecteur sur sa faim quand il sera au bout, à la fin. Au loin ça tonne, mais est-ce déjà la fin ? Peut-être juste les coups de ce qui va suivre. Coups de théâtre ?

En mai, fais ce qu’il te plaît.