Ici et là – XXIX

Deux c’est assez, trois c’est trop / 3 – où l’on est à la fin, enfin, ou presque…

« Ici c’est l’auteur qui vous parle, allo, celui qui prend des notes…

Si on se prenait pour un auteur, un vrai, on aurait intitulé le texte de ce jour Adieu à beaucoup de personnages et ça pourrait commencer ainsi: « C’en est fini de vous… ». Mais voilà, on n’est pas un auteur et en plus on n’a pas envie de finir, et ce pour plusieurs raisons, alors voilà ce que je propose.

Je vais continuer à prendre des notes, ici et là – carnets, morceaux de papier divers et autres marges –, continuer à éplucher les notes accumulées au fil des mois, mettre de l’ordre dans les idées accumulées en moi – PENSER / CLASSER, comme dirait Georges – et vous donner, de temps en temps, des nouvelles des personnages, mes personnages, ceux qui ont commencé à vivre en moi mais sans doute aussi avant moi, ceux qui m’animent et m’animeront encore longtemps, ceux qui vivront après moi, peut-être en vous mais en tout cas en dehors de vous et de moi.
On ne laisse pas sans émoi, excusez-moi, je reprends, je ne laisse pas sans émoi des personnages qui sont en moi et peut-être aussi en vous, j’aimerais aussi mettre un peu d’ordre dans cette histoire, ces histoires, en amont et en aval, boucher des trous avant de les laisser évoluer à nouveau d’elles-mêmes, ces histoires, et peut-être en rencontrer d’autres, d’histoires.

Alors Adieu à aucun personnage, longue vie à eux, longue vie à vous et à bientôt, on espère…

Celui qui n’est pas auteur mais prend des notes »

Ici et là – XXVIII

Deux c’est assez, trois c’est trop / 2 – Retour à Lisbonne, où l’on arrive à la fin

Il y a fort à parier qu’une partie de ce qu’on a lu ces dernier mois s’est joué à Lisbonne en janvier dernier. Mais qu’est-ce qui s’est dit sur cette terrasse, la terrasse de la Taberna Sal Grosso? On pourrait demander au narrateur puisqu’il était là et que, d’après ce que l’on sait, il n’a pas dit grand chose mais a plutôt écouté, comme l’auteur mais qui prenait des notes, lui.

« On a d’abord dû se présenter, l’auteur et moi, pensez-donc, deux couples attablés refaisant joyeusement le Monde et deux inconnus qui se pointent, l’un prétendant les avoir fait naître, puisqu’il est leur auteur, quand à l’autre, – c’est à dire moi qui vous parle – essayant d’expliquer qu’il était juste narrateur, donc responsable de rien, bref une scène assez cocasse mais qui se termine bien. Mathilde, Heinrika, Gaspard et Fernando, intelligent.e.s et bien élevé.e.s, nous firent de la place, firent mettre deux couverts de plus et partagèrent avec nous nourritures, boissons et soirée sans en faire tout un plat; cela dit, je vous recommande vivement cette adresse, Taberna Sal Grosso, on y est bien, fond et forme, sans compter que le gros sel c’est bon pour beaucoup de choses, bref, ce qui s’est dit ce soir-là, je vais vous le dire, mais dans les grandes lignes seulement car je ne prends jamais de notes, moi.

On était fin janvier ou début février, je ne me souviens plus, je ne prends jamais de notes, de retour du sud, région natale de Fernando, Mathilde et Fernando étaient repassés par Lisbonne pour dire au-revoir à la ville avant de regagner la Suisse. Heinrika et Gaspard avaient fait escale à Lisbonne avec Alberto avec qui ils avaient embarqué à Rotterdam; subjugués par la ville, ils avaient laissé leur capitaine voguer sur l’Atlantique tandis qu’eux deux dérivaient dans la ville. Tout à fait par hasard, à l’heure où la faim agite les estomacs comme les vagues l’océan, les deux couples  s’étaient rencontrés et avaient trouvé refuge dans cette taverne bien nommée, ou plutôt sur sa terrasse – on peut tout de même être précis malgré l’absence de notes, ou bien? Et nous voilà attablés avec eux, sur la terrasse donc; on mange, on écoute et l’auteur prend des notes – le lecteur prendra note qu’il est curieux qu’un auteur suive ses personnages et non l’inverse, quoi que, en y repensant… bref, je crois que c’est ainsi que l’auteur a eu l’idée de faire rentrer en Suisse et ensemble ses quatre personnages principaux, de confier à Heinrika et Fernando la délicate mission de relier le jardin du sud, celui dans lequel est né Fernando, avec les jardins de la ville de Mathilde, de faire en sorte que Gaspard rencontre ce jeune ramoneur qui était venu en curieux sous le chapiteau bleu et de donner encore plus de raisons à Mathilde de rameuter à petite échelle pour révolutionner à plus grande échelle.
Voilà, c’est tout ce que je peux dire, car je ne prends jamais de note, je ne sais pas si je vous l’ai déjà dit. »

Celui qui prend des notes est navré mais vous dit quand même à très vite, à l’année prochaine!

Ici et là – XXVII

Deux c’est assez, trois c’est trop / 1 – évolution, révolution, où l’on s’approche de la fin

Dans la ville de Mathilde, mais d’abord près de vingt ans plus tôt dans le bourg d’Alcide – d’Alcide si l’on peut dire, car au début il n’était pas encore né – s’était enclenchée doucement, silencieusement, à tout petits pas, une évolution inexorable, des évolutions, plus tôt.

En janvier 2019, mais sans doute bien plus tôt dans la tête de cette plume – tête si l’on peut dire – a commencé une histoire intitulée Plus que 365 jours…, histoire dont on ne voyait pas la fin, fin qui fut promise plus tard, et à plusieurs reprises, en vain pour l’instant. Cette histoire-là, on l’a laissée à Lisbonne, début février dernier.

En mars dernier, mars d’une année que nous ne nommerons pas, par superstition ou pour toute autre raison, une seconde histoire a commencé, une seconde histoire dont on ne voyait pas plus la fin que la première, une autre fin qui tarde, si l’on peut dire; cette histoire-là s’intitulait – oui, l’imparfait s’impose, car cette histoire-là aussi on l’a perdue en route, c’était en août dernier, sur la route confinée des vacances – J’ai eu 20 ans l’année du Grand Confinement.

Puis, toute fin septembre, une troisième histoire est arrivée, troisième? pas tout à fait. On s’est assez vite rendu compte qu’Ici et là, tel est le nom de cette histoire qui n’est pas tout à fait la troisième, était plutôt une rencontre en l’ici de la ville de Mathilde et le  du bourg d’Alcide, une rencontre entre des lieux reliés par des rails, des lieux reliés par des gens, des vanniers tisseurs de liens, des Yéniches d’ici et des Yéniches de là.

Et à la fin, on comprend que ces évolutions sont en train de faire révolution, les Yéniches, ces vanniers qu’on a longtemps appelés va-nu-pieds, ont noué la gerbe, les gerbes, les gens d’ici et les gens de là reprennent leur vie en main et se donnent la main par delà les bornes. Deux histoires qui n’en font plus qu’une et une fin qui s’approche, après presque deux ans de plume et de clavier, cahin-caha, comme des vagabonds pieds nus sur la grand-route. Une fin un brin candide – brins d’osier, vanniers – pourrait-on craindre, du genre il faut cultiver notre jardin et ne pas vivre reclus? Deux ans c’est assez long et trois ce serait trop, mais il reste quelques jours encore, alors à demain.

Ici et là – XXVI

Graines, greens, guérillas, jardins, et caetera – où l’on comprend deux ou trois choses

Nourrir et se nourrir durant les quartiers d’hiver implique qu’on a maîtrisé deux ou trois choses, en amont. On se souvient que l’association Vivre ici cultive un vaste jardin autour de la maison de Mathilde, on se souvient également du jardin-verger d’Alcide et de ses parents, de Célestine et d’Eric. On a aussi lu en et entre ces lignes – entre les sillons, aurait-on envie de dire – que le jardin a essaimé dans la ville et que le jardin-verger a essaimé dans le bourg. Et il y a aussi eu cette rencontre qui a fait bien avancer les choses.

L’original c’est Léopold, cuisinier retraité et activiste nocturne, resté à distance de l’association Vivre ici dans un premier temps, il avait besoin de réfléchir avant de s’engager. Il n’a pas de jardin mais une ville entière qu’il sillonne la nuit comme un guérillero, guidé par ce mouvement né dans les années septante à New-York, mouvement qui lui aussi a essaimé
Le révolutionnaire c’est Léonard, un des Yéniches qui ont fait halte dans la ville et dressé un autre chapiteau dans le bourg. Jusqu’à sa rencontre avec Léopold, rencontre fortuite et nocturne, il menait une autre guérilla, la sienne. Enlevé à sa famille, puis revenu à elle, il n’a jamais supporté que lui et les siens soient traités de mauvaises graines alors, pour se venger, il sème des mauvaises graines dans le gazon des sédentaires, sur les greens des nantis. Loin du geste auguste du semeur, dans l’ombre il jette avec bassesse les graines de ces plantes que l’on combat dans les jardins privés et dans les espaces publics : lamier pourpre, laiteron âpre, euphorbe réveille-matin, oxalis, chénopode blanc, mouron des champs, renouée persicaire, cardamine, bourse-à-pasteur, mouron des oiseaux et séneçon commun. Pissenlit, rumex, consoude, cerfeuil sauvage, chiendent, ortie, herbe-aux-goutteux, liseron, prêle, polygonum, fougère aigle. Potentille rampante, ronce, pâturin.

Léonard et Léopold ont transformé leurs guérillas nocturnes en guerre unique, collective et fructueuse, une guerre au grand jour, contre l’inculture, contre le vert stérile, un nouveau plan Wahlen, la nourriture pour tous mais sans agent orange.

A demain.

 

Ici et là – XXV

Quartiers d’hiver – où l’on apprend à vivre ensemble sur la paille

Dans la ville et dans le bourg, on a pris ses quartiers d’hiver. Les chapiteaux, le bleu dans la ville, le rouge et blanc dans le bourg, ont été transformés en crèches dès la venue du froid, tardive heureusement. On a relevé la partie de la bâche entre le bas du toit et le sol pour élargir l’espace – ce qui fait ressembler les chapiteaux à de drôles de parapluies ou à des toupies qui feraient le poirier, à moins que ce ne soient de grandes danseuses virevoltant; on a installé des pavillons de jardin tout autour des poiriers, comme de petites alcôves fermées de trois côtés mais ouvertes côté tronc; le sol des pavillons est garni de brassées de paille et on a doublé les parties fermées de paille en bottes jusqu’à mi-hauteur, afin de bien isoler du froid.
Aux heures de repas, on entre peu à peu; les files sont patientes et dignes malgré les estomacs qui tiraillent. On est servi au centre du chapiteau, là où l’on cuisine – fours à bois, casseroles sur des cuisinières romaines – puis on se rend dans les pavillons-réfectoires où des tables sont installées, à bonne distance les unes des autres. Le soir, après le souper et la veillée – musique, lectures à voix haute, jeux, discussions – on plie tables et bancs pour installer des lits de camp, les pavillons deviennent des crèches.
Les matins de marché, les pavillons sont les stands. Les dimanches et jours de fête les chapiteaux sont plus animés, on garde ses distances mais on se réconforte, jeux, goûters, concerts et cinématographe.
Dans les crèches du bourg et de la ville on prépare des lendemains meilleurs, on travaille à dissiper la nuit.

A demain.

Ici et là – XXIII

Chronologie bis – où l’on remet le désordre dans l’ordre, histoire de  mieux comprendre les phases de réveil de là

Là, dans le bourg d’Alcide, le réveil avait commencé sans Yéniche et bien avant la pandémie, un réveil doux, par paliers plutôt réguliers, mais non sans à-coups et autres coups, coups de frein, coups de gueule, coup pour coup, coup de .
L’histoire est simple, du moins en apparence et, pour cette remise en ordre, on en restera aux apparences.
Vingt ans avant l’an du Grand Confinement, un enfant naît dans un bourg, au milieu d’un jardin (il y a aussi, dans ce jardin, sa mère, son père, une maison et un frêne jumeau du nom d’Yggdrasil; jumeau de qui? D’Alcide, le nouveau-né).
L’enfant Alcide connaît une enfance heureuse dans ce jardin qui le voit grandir, apprendre, créer des liens, soigner des plantes et des animaux, grimper sur eux et sur des toits, jardiner, écrire, lire, écouter, regarder, dessiner et bien d’autres choses encore.
Tout le bourg, ou presque, défile dans le jardin-verger lors de l’édification d’une maison pédagogique en paille dotée, entre autres, d’une terrasse et d’un four à pain. Le bourg soutient le projet que des autorités cantonales tatillonnes veulent empêcher. Le bourg gagne et le jardin-verger – avec sa maison de paille, et ses habitants, et ses voisins – continue de voir défiler du monde pour apprendre, cultiver, boulanger, faire la fête, bref, tisser des liens.
Passons par-dessus les à-coups et autres coups, coups de frein, coups de gueule, coup pour coup, coup de ., et affirmons sans détour que le bourg est au sommet du réveil citoyen quand surviennent pandémie et Grand Confinement. Certes, une grosse enseigne orange a bouffé presque tout le commerce local, le marché bat un peu de l’aile, mais une grande partie de la population sait cultiver un jardin, soigner des abeilles, élever une basse-cour, boulanger, cuisiner, partager. Bref, le bourg est résilient.
Par de heureux hasards, des liens s’établissent entre là et ici, entre ici et là, liens qui passent par des gens, par des cheminées, par des rails, par des fours à pain, par des jardins, par des marchés, par de petits commerces, par des chapiteaux, l’un bleu l’autre rouge et blanc, par d’autres gens qu’on appelle du voyage, à tort ou à raison.
A travers ces liens, les gens de là contribuent à réveiller davantage ceux d’ici, ville et bourg se mettent à bousculer ce monde qui ne veut pas changer, à vouloir transformer leur évolution en révolution.

A demain.

Ici et là – XXII

Chronologie – où l’on remet le désordre dans l’ordre, histoire de  mieux comprendre les phases de réveil d’ici

Dans la nuit du 11 au 12 décembre 2019 des Yéniches arrivent dans la ville de Mathilde et, ô hasard sublime, occupent l’espace où les autorités ont projeté un plan de quartier,  plan remis en cause par des habitants éclairés et par une association locale.

Le 12 décembre au matin, l’association Vivre ici, vive comme l’éclair, réoriente l’opération Avant l’aube et après le crépuscule : Lumières de décembre et la rebaptise Noël, c’est ici et maintenant!
Débute alors une vaste opération de soutien aux Yéniches et un mouvement de résistance contre le plan de quartier, donc contre les autorités. De nombreux citadins prennent alors conscience qu’ils sont avant tout citoyens, ici et maintenant.

Le 25 décembre, sous le chapiteau bleu des Yéniches, après une veillée mémorable, l’idée d’une initiative est lancée, le mouvement se structure, quelques municipaux ouvrent les yeux, certains pour de bon, d’autres pour un temps seulement, ce temps qu’on appelle trêve des confiseurs, qui rime avec bétonneurs – des fois les bûches de Noël, on a envie de les prendre pour frapper ceux qui les ont faites, tant elles sont dures ces bûches, mais on ne le fait pas car c’est la trêve des confiseurs et, en bons chrétiens, on préfère s’étouffer avec ces bûches. Bûche, embûches, confiseur, bétonneurs.

En janvier 2020, année mémorable s’il en est, la récolte des signatures est lancée; on a trois mois pour obtenir 1300 paraphes, on en récolte 5000 en bien moins de temps. Malgré la pandémie la votation a lieu, le plan de quartier est balayé et avec lui une grande partie des autorités. Quelques semaines plus tard une nouvelle municipalité est élue et le conseil communal maigrit, il était temps.

Au printemps, le chapiteau bleu, qui était devenu la cantine du marché du samedi, accueille dorénavant le marché lui-même car les autorités cantonales – coup de sac! de grâce, coup de sac! – interdisent les marchés. Le chapiteau devient le vrai centre de la ville, lieu de rencontre, lieu d’échange, forum, antichambre du pouvoir, le bon pouvoir, celui qui lutte pour les citoyens, tous les citoyens, pas celui qui lutte pour les élites, ces élites qu’on aurait parfois bien envie d’étouffer à coups de bûches, mais on ne le fait pas car ce n’est pas chrétien et en plus c’est la trêve des confiseurs, les bons comme les mauvais.

C’est donc là qu’on en est dans la ville de Mathilde, des Yéniches arrivés nuitamment ont éveillé les consciences citoyennes et leur chapiteau bleu fonctionne un peu comme la lumière d’un véhicule prioritaire dont la sirène hurlerait place au changement, la ville c’est nous! – place au changement, la ville c’est nous! – place au changement, la ville c’est nous! – place au changement, la ville c’est nous! – place au changement, la ville c’est nous! – place au changement, la ville c’est nous! – place au changement, la ville c’est nous! – place au changement, la ville c’est nous! – place au changement, la ville c’est nous! – place au changement, la ville c’est nous! – place au changement, la ville c’est nous! –  et caetera, et caetera…

Pour le lecteur qui aimerait en savoir plus, relire de vieux épisodes, faire des liens, et caetera, et caetera, on rappelle que le blog contient un moteur de recherche interne dans la marge de gauche, il suffit de l’utiliser à bon escient. Prenons un exemple; admettons que Pâques approche et que le lecteur soit à la recherche d’une recette de dessert calabrais pour agrémenter ce repas fête, il lui suffit s’introduire « dessert calabrais » dans le rectangle « Rechercher… » alors il trouvera!
Et que personne ne demande si ce dessert est un étouffe-chrétien, à moins que cette personne, qui serait masochiste, ait envie qu’on la frappe avec une bûche, vous savez, cet autre dessert qu’on réalise pour une autre fête mais qui souvent est si compact qu’on se demande si le confiseur n’a pas plutôt un CFC de bétonneur ou alors si le christianisme c’est pas un peu un truc de maso, genre deux bouts de bois et trois clous rouillés. Bon, trêve de plaisanterie et on se retrouve demain pour parler de là, plus précisément pour comprendre les phases de réveil du là; et la chronologie sera plus longue, d’une certaine manière. Au-delà? Non, là! Et trêve de plaisanterie, vraiment!

A demain, donc.

 

 

 

Ici et là – XXI

Métissage – où l’on sème inconsciemment les bases d’un nouvel arpentage

L’original et le révolutionnaire, tous deux nyctalopes, se sont donc croisés.
Ils ont commencé par faire mine de ne pas se voir, se sont toisés mais ont dû  se trouver quelque chose de commun puisqu’ils ont fini par marcher de conserve, sans bruit.
Marcher en silence, regarder ce que l’autre montre, lui dévoiler à son tour un morceau d’ombre, échanger quelques mots, finir la nuit autour d’un feu surmonté d’une cafetière, échanger, faire naître des idées et avoir envie de les mener plus loin.
Bonnes graines.

Ici et là – XX

Mauvaises graines? – où l’on pourrait s’hybrider 

Lui aussi est un révolutionnaire de l’ombre, mais à une autre échelle.
Dans son enfance on parlait de graines, mais pas en bien.
On l’avait enlevé de la grand-route, mais il en a repris le chemin.
La nuit il ne dort pas, il sillonne.
Sous les étoiles, ses réverbères à lui, il constelle.
Il pipe rarement mot mais dialogue avec les nuiteux;
alors ils se sont croisés.